Révolution culturelle à l'ASM : l'arrivée de Christophe Urios tranche avec les habitudes du club

"L’ASM est une marque du Top 14". Pour ses premiers mots en tant qu’entraîneur en chef, Christophe Urios n’a pas caché l’attirance qu’il possédait déjà pour Clermont avant même de poser ses valises en Auvergne, jeudi matin. Cette marque, l’ASM l’a développée progressivement via ses résultats. Mais aussi et surtout grâce à la ferveur quasi incomparable de sa Yellow Army et de l’atmosphère si particulière descendant des tribunes du Michelin. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nos confrères britanniques nous ont questionnés énormément à ce sujet en marge de la réception de Leicester la semaine dernière.

Une ferveur tranchant avec l’identité d’un club voué traditionnellement au culte de la discrétion. Dans le paysage médiatico-rugbystique français, l’ASM n’a jamais été jamais l’équivalent d’un Toulouse, d’un Toulon ou même d’un Stade Français. Voir arriver l’un des visages les plus charismatiques de l’ovalie tricolore, doté de surcroît d’un franc-parler revendiqué, s’apparente sans conteste à une véritable révolution culturelle du côté du Michelin.

Christophe Urios sur le banc de l’ASM, cela rompt incontestablement avec le style plus mesuré de ses prédécesseurs (Jono Gibbes, Franck Azéma ou Vern Cotter). Mais comme il l’a expliqué ce jeudi, le technicien ne compte pas changer ce qui a construit sa force. 

"J’ai un fonctionnement ou je suis plutôt cash. Sans toutefois manquer de respect à personne et surtout pas à l’institution ainsi qu’aux gens au-dessus de moi. Mais comme le disait Jean Cocteau : “Ce que l’on te reproche, cultive-le parce que c’est toi”. Je suis comme ça. Et je ne serai pas un mou demain. Mais ce n’est pas ce que l’on attend à Clermont. Donc je n’ai pas l’intention de faire évoluer ma façon d’être. C’est ce qui fait ma force. Si l’on fait de la m**** je dirai que l’on fait de la m****. Si l’on fait des choses bien, je dirai que l’on fait des choses bien."

Une vision des choses partagée par le président Jean-Michel Guillon pour qui la nomination de Christophe Urios est une volonté clairement assumée. "C’est quelque chose qui m’énerve quand j’entends parler de Clermont comme un club discret, qui ne fait pas de vague. Aujourd’hui, si l’on veut être présent, si l’on veut gagner des titres et avoir du caractère ce n’est pas la discrétion qui comptera. Mais ce sera la capacité des joueurs et de l’entraîneur à montrer leur caractère sur le terrain et dans la vie de tous les jours. Et nous devons développer cette dimension-là au sein du club. On oublie la discrétion et on va parler de caractère."

En dehors des terrains, l’arrivée d’un homme aussi influent que Christophe Urios peut également aider l’ASM à mieux se faire entendre au sein des instances. Mais là aussi, il semblerait que la volonté présidentielle soit à l’accélération.

"Je suis très impliqué au niveau de la Ligue. Je suis au bureau du syndicat des présidents de club. Les arrivées de Didier Retière (direction sportive) et de Benoît Vaz (chargé de mission sur la transformation de l’administratif) vont me permettre de m’impliquer de plus en plus dans le rugby français. C’est la seule façon d’y arriver. On peut connaître, on peut comprendre mais il faut influencer. C’est la prochaine étape. Nous devons nous appuyer sur des personnes comme Didier Retière ou Christophe Urios pour être de plus en plus influents. C’est une question clé." 

Un discours que l’on n’avait pas l’habitude d’entendre du côté du Michelin... 

Arnaud Clergue