Au monument pacifiste de Rocles, un rassemblement politique
Pour la 15e année consécutive, diverses associations ont réclamé la réhabilitation de tous les soldats français fusillés par l’État, durant la Première Guerre mondiale, entre autres pour désertion ou mutinerie.Des trois principaux monuments pacifistes du Bourbonnais, celui de Rocles est le plus émouvant. Un enfant de pierre aux cheveux bouclés contemple la foule rassemblée, en pointant du doigt le message gravé : « Apprenons à supprimer la guerre ».Toutefois, les références à l’actualité qui émaillent traditionnellement les discours mémoriels ont pris, hier, beaucoup de place.Cinquante minutes pour tendre des ponts entre les époques et les pays et promouvoir « le respect des vies humaines » et « la construction d’un monde civilisé ».Mais aussi cinquante minutes de tribune politique.Avec des propos mesurés – « Pour répondre aux crimes du Hamas, ce n’est pas tuer des civils palestiniens qui ouvrira une solution pour les peuples ». Et d’autres, provocants : « Israël est un pays colonisateur ». L’objectif de Rocles est-il de promouvoir le pacifisme ou de faire de la géopolitique ?
L’actualité du combat pour la réhabilitation des militaires « fusillés pour l’exemple », selon le terme officiel lors de la Première Guerre mondiale, n’a pas été évoquée. Alors que 2023 a été une année clé. La proposition de loi, déposée le 2 février par Bastien Lachaud (LFI) et Philippe Gosselin (LR), a été adoptée par l’Assemblée nationale, mais rejetée par le Sénat. Au motif qu’« une réhabilitation doit être le résultat d’une décision judiciaire ». Une cour spéciale de justice militaire, en 1934, composée d’élus et d’anciens combattants, avait réexaminé 90 cas et réhabilité la plupart. Mais le travail n’est pas fini. 639 Poilus fusillés par leur propre État entre 1915 et 1917 attendent encore leur réhabilitation. Une nation met des siècles à panser ses plaies.
Stéphanie Ména