Pourquoi les policiers ne se sentent plus en sécurité à Guéret

Le 4 février dernier un jeune multirécidiviste est arrêté dans le centre-ville de Guéret après avoir insulté, menacé de mort et violenté une patrouille de police. Un agent des forces de l’ordre est touché à la main pendant l’arrestation, entraînant une incapacité temporaire de travail (ITT) de huit jours.

Jeudi 8 février, un jeune SDF de 19 ans, multirécidiviste également, sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants, insulte, menace de mort et crache sur les forces de l’ordre. Il tente de leur asséner des coups de pied, sans les blesser sérieusement.Dimanche 11 février, une policière essaye d’appréhender un individu qui fait du tapage dans la cage d’escalier d’une résidence. L’homme l’attaque par surprise et lui assène de nombreux coups au visage, nécessitant une ITT de 10 jours.

« Ce n’est pas normal, trois agressions en une semaine à Guéret. Il y en a de plus en plus souvent. Et parallèlement, la gravité des faits augmente »

Dans ce petit commissariat avec des effectifs restreints, les policiers, même lorsqu’ils sont en ITT, sont obligés de venir travailler, selon ce syndicaliste. Et si la blessure est trop grave, des agents en repos ou en congés sont rappelés en urgence.

« Nous demandons des effectifs pour intervenir à deux patrouilles, ou au moins avec une patrouille à trois policiers. Il nous faut plus de moyens humains », insiste Stéphane Rigaud.

Tous les policiers interrogés s’accordent sur le manque d’effectifs du seul commissariat de Creuse. « Il est arrivé certains jours qu’il n’y ait qu’une seule patrouille de deux policiers pour toute la ville de Guéret, témoigne David Fernandes, le responsable départemental du syndicat Alliance. Il nous manque au moins huit policiers pour être en sécurité ».

Depuis des années, ils interpellent les pouvoirs publics et les élus locaux sur la détérioration de leurs conditions de travail, qui impacte leur moral et leur vie personnelle.

Face à cette pénurie, les policiers ne peuvent plus planifier leurs vacances. « Si nous n’étions pas rappelés pendant nos congés, la brigade ne pourrait plus tourner. J’ai 1.200 heures supplémentaires à récupérer », affirme David Fernandes, qui exerce à la brigade nuit depuis 19 ans.

Pour tenter d’attirer de nouvelles recrues, la police a ouvert des sessions de recrutement de fonctionnaires contractuels en partenariat avec France Travail. « En Creuse, peu de gens savent que la police recrute. Certaines personnes pensent même que Guéret est en zone gendarmerie. Nous encourageons les gens à nous rejoindre, nous avons besoin de policiers adjoints », martèle Xavier Badier, le directeur départemental de la sécurité publique à Guéret.

Selon le commissaire Badier, un autre facteur explique la hausse du nombre d’agressions violentes contre ses hommes. « Depuis le confinement, le climat est plus tendu avec certaines personnes. Nous prenons souvent sur nous pour supporter des remarques déplacées. Des individus ont aujourd’hui la volonté d’agresser la police », analyse-t-il.

Cette aversion pour l’uniforme n’est pas l’apanage de la police. « Nous sommes en contact avec la population tous les jours, et nous constatons une détérioration sur le terrain. Il y a plus d’incivilités, d’insultes », constate également Yannick Baton, chef d’équipe du service de tranquillité publique, crée à l’initiative de la municipalité.

Victor Fleury