France : avec la vague de froid, le retour du débat sur les réquisitions à Paris pour aider les sans-abris
«Des températures glaciales. Des milliers de personnes dehors. Et pourtant, des bâtiments sont vides. Je demande la réquisition de ces bâtiments.»
Le 8 janvier, le député et co-président du groupe communiste au Conseil de Paris Ian Brossat a réclamé la mise en place de ce procédé pour héberger les sans-abris alors que les températures sont passées sous la barre des 0°C dans la capitale. Pour sensibiliser à une telle initiative, l’élu propose en outre de signer une pétition.
Des températures glaciales.
— Ian Brossat (@IanBrossat) January 8, 2024
Des milliers de personnes dehors.
Et pourtant, des bâtiments sont vides.
Je demande la réquisition de ces bâtiments.
Signez la pétition : https://t.co/Y6bjUUhPoCpic.twitter.com/EswUEebUx3
Pour étayer son argumentaire, Ian Brossat explique que les 274 places d’hébergements d’urgence supplémentaires prévues par le plan grand froid, qui a été déclenché par la préfecture de région le 8 janvier, ne suffisent pas. Il évoque les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, selon laquelle 330 000 personnes étaient sans domicile en France en 2023, soit 30 000 de plus que l’année précédente.
Pour la seule ville de Paris, le sénateur cite une étude de l’association l’Atelier parisien d’urbanisme, qui affirme que plus de 130 000 logements sont vacants dans la capitale, soit 10% des logements parisiens.
L’adjoint au maire de Paris Jacques Baudrier a de son côté souligné le fait que la pratique des réquisitions avait déjà eu cours par le passé, avec Jacques Chirac en 1995 puis Lionel Jospin en 2001.
27 personnes, dont 14 enfants, sans solution d'hébergement
Au Conseil de Paris, outre les élus communistes, d’autres membres de la majorité se sont mobilisés, à l’image de l’adjointe au maire Léa Filoche du mouvement Génération, qui a réclamé la réquisition de bâtiments vides par l’État sur BFMTV. Elle a par ailleurs dénoncé le 8 janvier l’absence de solutions d’hébergement pour 27 personnes, dont 14 enfants, en dépit du plan grand froid.
Ce soir, 27 personnes dont 14 enfants restaient sans solution malgré le plan grand froid déclenché par @Prefet75_IDF hier soir.
— Léa Filoche (@leafiloche) January 8, 2024
La ville de @Paris a donc une pris en charge les familles à la place de l'Etat.
Les annonces ça suffit, il faut agir. pic.twitter.com/pmEh2dc69k
La sphère associative s’est également mobilisée face au retour du froid, à l’image du délégué général de la Fondation Abbé Pierre Christophe Robert qui a demandé au gouvernement de «mettre en place des cellules d'urgence avec les préfets pour trouver tous les bâtiments vides, les aménager et les faire gérer par les associations».
Le 6 janvier, l'organisation Droit au logement organisait aussi de son côté une manifestation dans la capitale.
La droite propose une «mise à disposition sur la base du volontariat»
Du côté de l’opposition municipale, le conseiller de Paris Pierre-Yves Bournazel du parti Horizon se montre hostile aux réquisitions qui selon lui posent «trop de problèmes pratiques et légaux» dans leur mise en œuvre. Et de proposer une «mise à disposition sur la base du volontariat» ainsi que «le rachat d'hôtels par l'État et la Ville de Paris afin qu'ils soient intégralement consacrés à l'hébergement d’urgence.»
À moyen-terme, je plaide aussi pour le rachat d'hôtels par l'État et la Ville de #Paris afin qu'ils soient intégralement consacrés à l'hébergement d’urgence.
— PierreYves Bournazel (@pybournazel) January 9, 2024
Une solution pérenne (plutôt que les nuitées hôtelières), notamment pour la mise en place d'un suivi des personnes.
4/4 pic.twitter.com/MdBjLOc5sh
La question des réquisitions est ainsi revenue dans le débat public, comme c’est régulièrement le cas lors d’épisodes de grands froids. À Paris, le mercure devrait encore avoisiner les 0°C jusqu’au 14 janvier. Météo France prévoit en effet un retour de températures plus douces pour le 15 janvier.