Un Noël sans Père Noël
Bienvenue dans le monde des « enfants-adultes » et des « adultes-enfants ».
Après avoir « nazifié » les marchés de Noël, voilà que le Père Noël passe à la barre du tribunal du progressisme décérébré. Un gros monsieur rouge à barbe blanche bien garnie qui fait asseoir des enfants sur ses genoux ? C’est bien trop suspect pour un regard obsédé par les violences sexistes et sexuelles, toujours vigilant dès qu’il s’agit d’un mâle blanc de plus de 50 ans et beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’autres profils…
C’est ce que nous révèle une chronique de France Info. La question « Faut-il continuer de faire croire aux enfants au Père Noël ? » enflammerait les réseaux sociaux. À écouter certains parents, l’esprit de Noël serait un mensonge toxique. Pas question de mentir aux enfants : il faut leur dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Le Père Noël n’existe pas, point barre.
Cette volonté d’en finir avec la magie fait écho à la grande croisade pour la conscientisation des discriminations et violences sexistes et sexuelles dès le plus jeune âge : les EVARS, programmes d’éducation affective et sexuelle, initient désormais dès la maternelle aux « émotions », aux « relations », au « consentement », bien avant que l’enfant n’ait l’âge d’en comprendre le sens.
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Ainsi, ceux qui redoutent qu’une fable comme celle du Père Noël perturbe un enfant trouvent normal de lui expliquer, à six ans, comment on fait un bébé et comment repérer une relation toxique.
Le merveilleux disparaît, remplacé par la réalité nue, sérieuse et complexe et l’on s’étonne après que ces enfants « éveillés » trop tôt deviennent anxieux.
Ce n’est pas le Père Noël que l’on « cancel ». C’est l’enfance elle-même. Car un enfant a besoin d’histoires, de contes, de croire qu’un traîneau vole dans le ciel étoilé chargé de cadeaux, et que la nuit du 24 décembre échappe au réel. L’imaginaire est son premier outil pour apprivoiser le monde, pour développer sa sensibilité et sa créativité. Le priver de cela, c’est empiéter sur son humanité.
Pendant que l’on accélère la maturité des enfants, les adultes, eux, régressent gaiement.
Le phénomène porte un nom : les kidultes. Ils représentent désormais 36 % des ventes de jouets en 2025. La natalité baisse ? Qu’importe : on a trouvé de nouveaux enfants. Lego premium, figurines collector, peluches Jellycat en forme de pâtisserie : voici les jouets de ces kidultes.
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Ajoutons à la liste les tétines anti-stress, les trottinettes pour aller au bureau, les chiens et chats promenés en poussette ou portés en porte-bébé comme de vrais nourrissons. Et dans cette grande confusion des genres, les bébés sont remplacés par des poupées, comme avec les « bébés reborn » : ces nourrissons en silicone exhibés sur TikTok par de jeunes femmes qui simulent un accouchement, puis langent leur poupée dans des espaces publics, parfois au détriment de vraies mères cherchant une place pour leur vrai bébé.
Ce marché de la régression infantile est d’ailleurs encouragé par certains psychologues qui recommandent un doudou pour « améliorer le sommeil » ou du coloriage pour « apaiser l’anxiété ». À cette infantilisation marketée répond celle de l’État, avec les injonctions écologiques de l’ADEME qui nous explique combien de fois il faut laver tel ou tel vêtement pour ne pas nuire à la planète et nous rappelle de fermer les volets lorsque la nuit tombe.
Ainsi va notre époque : On veut supprimer la magie de Noël pour les enfants et on laisse les adultes régresser sans complexe. Une confusion des âges aussi troublante qu’inquiétante.
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