Des clowns amusent les Rohingyas avec une "Thérapie du rire"

Avec leurs pitreries et leurs mimes, une troupe de clowns au nez rouge déclenche ce que l'on entend rarement dans les immenses camps de réfugiés rohingyas du sud du Bangladesh: des rires d'enfants.

Ce cirque apporte une distraction bienvenue dans les cités de tentes surpeuplées. Des centaines de milliers d'enfants rohingyas y vivent, traumatisés pour certains par les violences auxquelles ils ont assisté en Birmanie voisine."C'est hilarant. Je n'ai jamais rien vu de tel. Mes amis et moi ne pouvions pas nous arrêter de rire", raconte Mohammad Noor, 10 ans.

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Ce garçon a fui la Birmanie le mois dernier après la mort de son père dans les violences considérées par l'ONU comme une épuration ethnique. Avec sa mère et ses trois frères et soeurs, ils vivent dans un abri rudimentaire du camp de Kutupalong où la vie se résume à survivre."Notre seul but est d'amener le rire chez les Rohingyas", explique Rina Akter Putul, acrobate et seule femme de la troupe de cirque.

Des groupes de théâtre au Bangladesh se sont donnés pour mission de changer les idées aux personnes qui ont vécu une situation éprouvante, offrant à travers leurs performances une "thérapie du drame".

Les enfants constituent 60% des plus de 600.000 musulmans rohingyas de Birmanie qui sont passés au Bangladesh depuis fin août, estime l'ONU.Beaucoup d'entre eux ont franchi la frontière seuls, ayant perdu leurs familles dans les attaques de leurs villages de l'État birman du Rakhine (ouest) par l'armée ou des milices bouddhistes.

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Les ONG à pied d'oeuvre dans ces camps de réfugiés s'inquiètent pour la santé mentale et les besoins émotionnels de ces enfants parfois sous le choc.

"Je suis sûr que notre spectacle vivra dans leur mémoire pour quelque temps. Cela n'effacera pas les cicatrices, mais ça leur redonnera le moral", avance Faker Ali, un acrobate qui pratique la "thérapie du drame" depuis deux décennies."La vie en Arakan (autre nom du Rakhine, ndlr) est morne", explique Khairul Amin, un grand-père de 63 ans rencontré par l'AFP au milieu de la foule se pressant pour apercevoir les forains."Il n'y a ni télévision ou cinéma ou théâtre. Et il y a cette peur constante d'être tué ou arrêté par l'armée", ajoute-t-il.