Les nouvelles menaces de mort au lycée Bonté à Riom (Puy-de-Dôme) sèment le trouble mais l'enquête se poursuit

Quatre jours sans élèves. Quatre jours d’inquiétudes et de questionnement au lycée Pierre-Joël Bonté à Riom. Fermé depuis lundi après une vague de menaces de mort visant des membres du personnel éducatif, l’établissement avait prévu de rouvrir ses portes aujourd’hui. Mais de nouveaux courriels malveillants, adressés mardi soir, ont conduit ses responsables à maintenir les cours en distanciel, au moins jusqu’à lundi prochain.

Ces derniers messages ont été adressés selon le même mode opératoire que les précédents, à savoir via l’Espace numérique de travail (ENT). Cet outil internet, utilisé dans tous les collèges et lycées, permet aux enseignants, élèves et parents de communiquer entre eux.

Les derniers courriels visent aussi les mêmes personnes et contiennent les mêmes provocations et menaces. « Il s’agit à la fois d’un bras d’honneur, “vous ne me trouverez jamais” et de propos du style “je vais venir dessouder tout le monde demain”», rapporte Éric Maillaud, procureur de la République de Clermont-Ferrand.

Les investigations, menées par les policiers de la sûreté départementale, se poursuivent pour tenter de remonter la piste du ou des auteurs de ces propos violents. Trois lycéens ont été placés en garde à vue et relâchés depuis ce week-end « Ils contestent tout et ne disent rien », indique Eric Maillaud. « Il faut chercher les éléments informatiques les uns après les autres. » Une tâche rendue complexe par les subterfuges utilisés pour brouiller les signatures numériques.

Utiliser un VPN pour faire croire que le message vient de Tombouctou, d’Algérie ou d’ailleurs, comme cela se produit dans cette affaire pour certains messages, c’est simplissime techniquement mais qu’est-ce que ça gêne les enquêtes !

Une fois le ou les auteurs identifiés et interpellés, il restera à établir le contexte et le motif de ces envois qui jouent sur les peurs et pénalisent tout un établissement. Vengeance ? Très mauvaise blague ? La menace terroriste semble pour l’heure écartée. « Nous n’avons pas beaucoup de doute sur le fait que cela émane d’élèves et non pas d’Al Qaïda. C’est quelqu’un qui connaît tout de l’intérieur. »

Quelle que soit leur finalité, les menaces semblent déjà avoir jeté un trouble durable au sein du lycée et même au-delà.

« On peut se demander dans quelle mesure les enseignants et les élèves vont avoir envie de reprendre. Nous ne sommes pas tranquilles »

Une cellule d’écoute est toujours en place pour la communauté du lycée. L’affaire, qui intervient trois mois après l’assassinat de Samuel Paty, est suivie de très près par le rectorat et les autorités. Le monde de l’éducation n’est plus tout à fait le même après cet événement. 

Olivier Choruszko