À Clermont-Ferrand, la vente du scooter était en fait un guet-apens
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La vente d'un scooter était un guet-apens, destiné à dépouiller l'acheteur. Deux cousins viennent d'être condamnés par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) à des peines assorties d'un sursis probatoire et devront également effectuer des travaux d'intérêt général.
« Pour ce délit, qui est le plus sévèrement réprimé devant un tribunal correctionnel, vous encourez jusqu’à dix ans de prison. » Face aux deux prévenus, le président du tribunal correctionnel clermontois, Stéphane Descorsiers, pose tout de suite le décor.
Jugés dernièrement pour extorsion avec violences, ces deux cousins, âgés de 19 et 20 ans, jusqu’ici inconnus de la justice, ont la tête basse.
Un traquenard visiblement bien préparé…Le 23 octobre 2021, après avoir mis son scooter en vente sur Internet, le plus jeune des deux fixe un rendez-vous à un acheteur qu’il connaît pour avoir été au collège avec lui. La transaction doit se faire près de l’école Michelet, dans le quartier de Montferrand, à Clermont-Ferrand. Mais le vendeur ne vient pas seul : outre son coprévenu, il a également fait appel à un mineur, contacté via Snapchat.
Son idée ? Menacer l’acheteur et lui dérober les 1.130 euros devant servir à l’achat du scooter. À l’heure dite, ce dernier, accompagné d’un ami, se présente sur les lieux. Le propriétaire du deux-roues demande à voir les billets, à les compter, puis fait subitement une prise d’étranglement au jeune acquéreur et lui vole son argent.
Pendant ce temps, le mineur a sorti un couteau et blesse le copain de l’acheteur au genou (ce qui lui vaudra deux jours d’ITT et trois points de suture).
Après s’être enfui, le trio se partage l'argent : 50 euros au mineur « pour sa participation » au traquenard et le reste pour les deux cousins. Mais ils ne profiteront pas bien longtemps de leur butin, puisque la police les interpellera peu après, l’argent étant restitué à la victime (1).
Deux prévenus pourtant insérés dans la sociétéFace au tribunal, les deux prévenus – par ailleurs insérés (l’un est assistant de vie auprès de personnes âgées et l’autre travaille dans le bâtiment) – admettent « l’imbécillité » de leur misérable guet-apens.
« Les faits ont été réfléchis, étudiés, prémédités, a insisté le procureur de la République, Françoise Chadefaux-Gallay. Pourquoi ces jeunes gens jusqu’ici sans histoire sont-ils ainsi passés à l’acte ? Pour l’appât du gain ? Si c’est le cas, c’est inquiétant ! ». Elle a requis quatre mois de prison assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans, avec obligation, entre autres, d’effectuer 120 heures de travaux d’intérêt général (TIG).
« Ce dossier avait d’abord été orienté en CRPC (2), mais la peine qui avait été proposée était disproportionnée, a ensuite rappelé Me Élodie Dardat en défense. D’où leur comparution à cette audience… ».
« Le plan de ces deux jeunes gens était, dès le départ, aussi peu crédible que voué à l’échec ».
Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public. Les deux cousins devront, en outre, verser solidairement 800 euros de dommages et intérêts au jeune homme blessé par le coup de couteau, au titre du préjudice moral.
Christian Lefèvre
(1) À l’issue de son jugement devant la juridiction compétente, le mineur a fait l’objet d’une mesure éducative.
(2) Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.