André Fourgeaud et René Tétard : qui sont ces deux Résistants Creusois qui ont donné leur vie pour la liberté ?
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Dans le cadre de ses recherches pour la rédaction d’un livre qui paraîtra en fin d’année, Jacky Guillon a retracé l’engagement de deux jeunes de Pontarion (Creuse) dont les noms figurent sur le monument aux Morts de la commune : André Fourgeaud et René Tétard.
André Fourgeaud, né le 28 juin 1920 à Saint-Sylvain- Montaigut (Creuse), est le fils de François Fourgeaud, journalier et garde champêtre à Pontarion. Il se marie à Pontarion le 11 mars 1944, avec Lucienne Bonnet de Vidaillat (Creuse).Il est concerné par les Chantiers de jeunesse créés par le régime de Vichy pour remplacer le service militaire. Il doit donc partir pour le chantier basé à Montmarault dans l’Allier jusqu’à la fin 1941.
Fusillé à Combeauvert alors qu'il est en mission pour l'Armée SecrèteIl s’engage dans la Résistance le 2 juin 1944, rejoignant un maquis de l’Armée Secrète du secteur de Bourganeuf. Son dossier déposé aux Archives des victimes des conflits contemporains précise qu’il combattit le 7 juin 1944 pour la première libération de Guéret.
Le 9 juin 1944, une opération allemande massive est organisée pour reprendre Guéret, avec l’assaut en provenance de Montluçon de troupes de la Wehrmacht appuyée par l’aviation. Au sud, des éléments blindés et motorisés de la division Das Reich sont chargés de contrôler les routes et d’empêcher le repli des résistants.
Au vu de la disproportion des forces, les chefs de la Résistance ordonnent le repli et la dispersion de leurs forces. Un retard des forces de la division Das Reich, permet à la majorité des groupes de résistants d’échapper à la prise en tenaille. Mais en tout début d’après-midi, vers 14 h 30, sur la route de Guéret, au lieu-dit Combeauvert (à la limite des communes de Thauron et de Janaillat, l’unité SS de la division Das Reich qui remonte vers le nord pour boucler l’encerclement de Guéret, se trouve face à plusieurs camions de résistants.
Le premier, dans lequel se trouve vraisemblablement André Fourgeaud, transporte une partie des militaires allemands faits prisonniers le 7 juin à Guéret. André Fourgeaud sur ordre des chefs de l’Armée Secrète est chargé avec quelques camarades, d’assurer le transport des Allemands faits prisonniers, sans doute vers le secteur de Bellesauves, commune de Janaillat où se trouve le PC des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).
L’attestation signée d’Henri Duméniaud, membre des MUR (Mouvement Unis de Résistance) précise : « Fourgeaud André après avoir pris part à l’attaque de Guéret le 7 juin 1944, reçut la mission de convoyer en compagnie de quelques camarades les prisonniers faits pendant l’attaque. En cours de route, le convoi fut surpris par une colonne allemande à Combeauvert le 9 juin 1944. Fourgeaud fut fusillé avec ses camarades ».
Il obtient la mention « Mort pour la France » et fil est homologué DIR (interné – résistant) en 1962. Son nom figure sur les monuments aux Morts de Pontarion, de Saint-Silvain-Montaigut ainsi que sur le monument dressé à Combeauvert en 1947 à l’initiative du Maire de Janaillat, Prosper Coucaud. Enfin, il figure également sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret. Le 4 août 1944 son fils André, naît à Sardent.
Vers l’enfer des camps de concentrationRené Tétard est né le 22 mars 1923, à Pontarion. Il entre au maquis, le 6 juin 1944 à Fourneaux, commune de Vidaillat. Revenu chez ses parents pour se faire soigner un panaris, il est arrêté le 16 juillet 1944 au niveau de l’actuelle gendarmerie, en allant chez le Docteur-Picot.
Le train qui l’emporte avec les 238 autres prisonniers vers l’enfer des camps de concentration, dans des wagons pour marchandises, quitte Clermont-Ferrand le 20 août
1944. Lucien Dumet, gendarme résistant de Bellegarde, se trouve également dans ce train. Ils arrivent au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, en Alsace, le 30 août. À partir du 4 septembre, tous les prisonniers sont évacués vers le camp de Dachau. Ils sont affectés à des kommandos ou à d’autres camps. René Tétard est transféré au kommando de Allach (travaux forcés pour une usine de porcelaine, pour BMW et pour l’organisation TODD), puis au kommando de Haslach (travaux forcés dans une mine pour l’installation d’une usine souterraine). Il revient ensuite au camp de Dachau, puis il est transféré au kommando de Vaihingen-sur l’Enz, qui dépend du camp de Struthof.
Le 7 avril 1945, la ville de Vaihingen-sur l’Enz est prise par un régiment de la troisième division d’infanterie algérienne de la Première Armée française. Le camp est libéré.
Les parents de René sont restés sans nouvelles pendant près d’un an. Le 17 avril 1945, sa mère reçoit un message, signé par René mais écrit par le service social, qui dit : « Je suis sain et sauf. J’écrirai dès que possible. J’espère revenir bientôt ». Ce message, probablement reçu début mai, est accompagné d’un courrier du Capitaine Grange, chef du service militaire du département de la Creuse qui se réjouit de sa libération.
Ses parents reçoivent également une lettre de M. Vigneron, gendarme résistant de Bellegarde également déporté qui leur dit qu’il l’a revu, quelques jours avant sa libération. En fait, lorsque ses parents reçoivent ces courriers, René est déjà mort. Il est mort le 22 avril 1945, quelques jours après sa libération, à l’hôpital militaire d’évacuation de Spire, en Allemagne. Il avait 21 ans. Il a été inhumé au cimetière militaire de Spire.
Ses parents ont été autorisés à se rendre à Spire, sur le lieu de sa sépulture, le 27 septembre 1946. M. Vigneron est venu les voir après la guerre. La dépouille de René a été remise à ses parents le 17 février 1948, au dépôt mortuaire de Limoges.Il repose au cimetière de Pontarion, depuis le 18 février 1948. La carte de combattant volontaire de la Résistance lui a été décernée, à titre posthume, en 1952.