La chasse à la chouette d'or fait tourner les têtes jusque dans le Puy-de-Dôme
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Depuis plus de 30 ans, une chouette en bronze est enterrée quelque part en France. Malgré les recherches de milliers de "chouetteurs", le célèbre trésor semble être introuvable. Alors, vrai ou faux trésor ? Récit de cette folle histoire qui déchaîne les passions jusque dans le Puy-de-Dôme.
Quelque part en France, le 24 avril 1993, un homme se faufile dans les bois. Il enfonce sa pelle dans le sol et enterre un coffre. En son sein : une chouette en bronze, la contremarque d’un modèle identique en or valant des milliers d’euros. Pour trouver la chouette, il suffit de résoudre une série de onze énigmes. Une fois décryptées, les réponses mènent à un endroit extrêmement précis dans l’Hexagone, "au centimètre près". Reste plus qu’à creuser et empocher le butin. Facile, non ? En théorie, oui. Mais, en pratique… Cette chasse dure depuis 30 ans. Et, personne n’a encore mis la main sur le célèbre butin.
À l’origine de cette folle course, un certain Régis Hauser, dit Max Valentin. Avec Michel Becker, un artiste peintre, ils lancent la chasse. Le premier s’occupe des énigmes tandis que le deuxième finance la réalisation de la chouette et dessine les visuels qui accompagnent les 11 énigmes. Il en resterait cependant une douzième, cachée parmi toutes les autres, une "super astuce" permettant de mettre le doigt sur l’animal en bronze.
Vrai ou faux trésor ?D’après Max Valentin, le jeu n’aurait pu durer que quelques mois. Mais, 30 ans plus tard, le mystère reste entier. Et, plus le temps passe, plus les chouetteurs – c’est ainsi que s’appellent ceux qui participent à la quête – se demandent si le trésor existe vraiment. C’est le cas de Pascal Héraud, un chercheur riomois. Il nous accueille dans son étude, dans le centre-ville de Riom. Si c’est ici qu’il exerce son métier – professeur particulier de mathématiques – c’est aussi là qu’il garde la trace de toutes ses recherches en lien avec la chouette. Cartes de France, livres sur la chasse, photocopies des énigmes, notes en tout genre… Pourtant, comme beaucoup d’autres joueurs, il bute sur l’emplacement de la chouette.
La chouette d'or, cette chasse au trésor qui rend fou
"Je suis la chasse depuis quatre ou cinq ans mais je n’ai jamais creusé encore", sourit l’homme. Et, il ne compte pas le faire tant qu’il n’est pas certain. "Je suis partagé. D’un côté, je pense que la chouette est bien enterrée quelque part. D’un autre, je me demande si l’on ne nous mène pas en bateau depuis le début…", lâche Pascal Héraud. En même temps, après plus de 30 ans, des milliers de chercheurs et des cerveaux en ébullition, on peut comprendre le doute. La traque dure depuis tellement d’années qu’elle est devenue la plus longue chasse au trésor du monde.
Sur la page Facebook dédiée à la chasse, les chouetteurs postent frénétiquement. Ils demandent des éclaircissements, révèlent quelques-unes de leurs recherches, les lieux qu’ils visent et surtout, leurs nombreux doutes. "Je pense que c’est le mot qui résume le mieux la recherche de la chouette d’or", confirme le professeur de mathématiques.
En fouillant un peu plus en profondeur dans les milliers de posts internet, certains pointent tout droit vers… le Puy-de-Dôme. Un département qui semble rassembler un petit nombre de chouetteurs. "Je ne pense pas qu’elle soit ici mais ce serait vraiment génial", sourit Alice, une chouetteuse volvicoise. "Ah, ça serait plus pratique pour creuser, oui", confirme Thomas, son compagnon. Depuis avril, ce couple s’est lancé sur la piste de la chouette. A leur tour, ils se sont plongés dans les énigmes. Si elles ont d’abord été publiées dans le livre Sur la trace de la chouette d’or, ces énigmes sont désormais disponibles sur internet. Mais, pour empocher le gros lot, celui qui trouvera la chouette devra détenir au moins un exemplaire du livre.
"Au début, les énigmes sont plutôt simples. Ça commence par une charade alors on se dit “Ah ça va, c’est plutôt simple”, puis ça se corse", lâche la trentenaire. Au fur et à mesure, le doute s’installe. "En résolvant les énigmes, on avance mais ça ne mène nulle part", appuie Thomas. Et, s’il y a les énigmes, il y a aussi le reste… Et quel reste.
Un océan d’informationsD’abord, il y a les "madits", contraction de Max a dit : des précisions apportées par le créateur du jeu au début de la chasse, via un minitel. Mais aussi les "midits", contraction de Michel a dit : d’autres précisions, encore, apportées par Michel Becker via l’application Discord. Et, si l’on souhaite prendre en compte toutes ces informations : c’est long. Très long. "Il y a énormément de contradictions aussi, c’est difficile de savoir ce qui est fiable et ce qui ne l’est pas", rapporte le chouetteur volvicois. De quoi rendre fou. "Une nuit je me suis réveillé en pensant à la chouette. Ce n’est arrivé qu’une seule fois, mais quand même", sourit le professeur de mathématiques. "Puis, parfois, on a des certitudes et boum, tout vole en éclat." Violent. Et, si tous les chemins mènent à Rome, tous ne mènent pas à la chouette. Malheureusement.
"Moi, je ne participe pas à cette chasse dans l’espoir de déterrer l’animal. J’y participe dans l’espoir de m’amuser", sourit Thomas. Sa compagne, elle, espère tout de même être celle qui mettra un terme à 30 ans de doute, de pistes, de trous dans le sol et de triturage de cerveau. Mais, pour l’instant, la chouette dort toujours paisiblement sous terre. Enfin, peut-être plus pour très longtemps car Alice est sur une piste : "Je n’ai vu personne en parler encore. Je vais continuer d’approfondir ma piste jusqu’à obtenir une zone où planter ma pelle." Cette fois, c’est la bonne. Enfin, peut-être.
Justine Planque