Pourquoi la CGT de l'Allier est-elle très "inquiète" pour l'avenir de la Santé ?
Ils n’étaient pas très nombreux devant la préfecture ce jeudi 16 novembre, entre 13 et 14 heures, sous les bourrasques naissantes, pour dire leurs « très vives inquiétudes » quant aux conditions qui « se dégradent » dans les établissements de santé et médico-sociaux.
Pas nombreux, car il est « compliqué de faire grève pour les actifs dans la fonction publique » : ils sont de toute façon « assignés » au service. C’est d’ailleurs le premier de leur cri : ils sont déjà en « sous effectif » pour faire tourner les “boutiques”.
Il y avait quand même des représentants de l’hôpital Coeur du Bourbonnais, de l’hôpital de Montluçon (le personnel de l’établissement, non certifié, craint des « conséquences dramatiques ») et de l'hôpital de Moulins, notamment. Tous inquiets.
Sylvain Balouzat, secrétaire général de l’union syndicale départementale santé, médico-sociale et action sociale CGT de l’Allier et Magali Ferreira Neves (hôpital de Montluçon, entre autres) résument pour leurs camarades : « On dénonce toujours, depuis vingt ans, la tarification à l’activité, dont on paie les conséquences aujourd’hui. Au delà de ça, on alerte sur le service public de santé qui se dégrade de plus en plus, partout dans les services ».
Il n’y a pas un service qui n’a pas de problématique. On n’arrive plus à gérer au quotidien. On est sur des procédures dégradées en-dessous des effectifs minimum. Pour la sécurité, ce n’est pas bon. Des “événements indésirables” sont relevés tous les jours. En Ehpad, il nous arrive de ne plus faire le ménage. Les familles de résidents ne nous en veulent même plus...
En ligne de mire : le « manque de reconnaissance », l’attractivité des métiers de la santé en berne et, « coup de poignard », « l’annonce d’une coupe budgétaire de 3,5 milliards d’euros dans le Projet de loi de financement de la sécurité sociale 2024. Mais on est tellement exsangues qu’on se demande où ils vont trouver à faire des économies ! Il faudrait nous payer plus et nous former correctement. On a beaucoup de renoncements au métier en première année d’étude, car dès le premier stage, les étudiants font des remplacements dans ce contexte difficile. On nous parle beaucoup des infirmières en pratiques avancées, mais c’est une arnaque. C’est du glissement de tâches, normalement dévolues aux médecins, non rémunérées, non reconnues. Qu’est-ce qui se passe ? Elles agrandissent leurs journées de travail et les autres du service aussi ».
Et de conclure :
« Le système de santé français, qui est au départ le meilleur au monde, doit être renforcé et non pas achevé »
Mathilde Duchatelle