Les grands axes du second Plan particulier pour la Creuse ont été dévoilés aux élus du Département

Le Plan particulier pour la Creuse, deuxième du nom, du moins son “document d’intention”, s’est invité en session plénière du Conseil départemental ce vendredi 15 décembre 2023. De quoi sera-t-il fait ?

Cinq ans après l’annonce d’un premier projet de Plan particulier pour la Creuse, et pour rester dans la même dynamique, 2024-2026 doit voir la mise en musique d’un second, lui aussi très attendu. En attendant, les élus du Département ont été invités à approuver sa version d’intention aujourd'hui, en séance plénière.

Avant son départ pour la sous-préfecture du Marin, en Martinique, le secrétaire général de la préfecture de la Creuse, Bastien Merot, est venu présenter aux élus départementaux ce nouveau PPC, qui s’affiche comme un « pacte territorial pour bâtir la ruralité de demain ».

« Ce Plan particulier, c’est un fil rouge du partenariat Etat-département-collectivités au sens large depuis déjà trois ans et l’idée est de continuer de porter une dynamique qui soit positive pour le département, pour renforcer son attractivité », soulignait en introduction Bastien Merot. Et de dresser un constat plutôt positif du premier PPC qui a vu la réalisation de 80 % des actions qui y étaient inscrites quand 10 % seulement des projets sont restés en suspend et 10 % ont été abandonnées.

Plus de 250 représentants des forces vives du territoire, élus locaux, acteurs économiques et associatifs, ont travaillé sur le contenu et les enjeux de ce second opus au fil de quatre séminaires. Ils ont co-construit un plan qui se décline en trois défis prioritaires pour le territoire : la transition écologique, l’accès aux services pour construire une hyper-ruralité attractive et l’égalité des chances pour la jeunesse.Bastien Merot, secrétaire général de la Préfecture de la Creuse.  

« La force de ce pacte, c’est d’essayer d’en faire en permanence un lieu de rassemblement où émergent des convergences sur des projets collectifs d’intérêt général pour le territoire »,

Ce second volet poursuivra sur cette dynamique tout en tirant « les leçons du passé ». Parmi les réserves qui découlent de cette première expérience, l’aspect « catalogue » des actions envisagées par les parties prenantes du PPC. La difficulté aussi de porter leur gouvernance dans la durée.

Sur la forme donc, pas de liste illimitée de souhaits précis pour le territoire mais plutôt des actions stratégiques qui ont pu remonter dans les groupes de travail et qui seront amenées à évoluer dans le temps. Un document qui soit donc programmatique, qui pose les grandes orientations en partant de l’existant – améliorer la transition, l’accès aux services et offrir à tous une chance égale – qui permettront de s’accorder sur une stratégie avant de se décliner en catalogue d’actions.Valérie Simonet, présidente du Conseil départemental de la Creuse lors de la signature du premier PPC au LMB de Felletin.

Sur le fond, deux nouvelles thématiques qui étaient auparavant absentes : la transition écologique et l’éducation. « C’était important de placer l’éducation au cœur de ce plan qui veut travailler sur l’avenir des Creusois, de faire en sorte que la jeunesse, de 0 à 25 ans, de la petite enfance aux portes de la vie professionnelle, puisse aussi être au cœur de ces actions », souligne Bastien Merot. Sur le volet de la transition écologique, on retrouve évidemment le sujet de la ressource en eau, dont les crises à répétition incitent plus que jamais à s’emparer de la problématique, la rénovation de l’habitat, « absolument essentielle en Creuse », insiste Bastien Merot, ou encore l’énergie.

La préfète de la Creuse a déjà obtenu auprès du ministère un fonds d’amorçage à travers le FNADT (Fonds national d’aménagement et de développement du territoire) d’un million d’euros, nourri également par la Région, pour lancer des actions déjà « matures », qui sont déjà à l’étape de la mise en œuvre.

On compte parmi elles le campus connecté imaginé à Guéret mais aussi le poste de coordinateur de l’ensemble de la démarche Territoire éducatif rural dont la mission sera de « coordonner le dispositif au niveau local et de creuser de nouvelles façons de faire » sur les deux EPCI identifiés par le PPC, Marche et Combraille et Porte de la Creuse en Marche.

« Il s’agit d’essayer de voir comment tout un écosystème autour d’un collège, d’un lycée, d’une école peut travailler mieux pour que le parcours de réussite soit le plus accessible aux élèves creusois »

Ce million d’euros a également participé au financement d’un second centre de santé du collectif Médecins solidaires à Bellegarde-en-Marche, initiative « qui a démontré son efficacité dans le cadre du premier PPC ». Il est aussi venu soutenir le nouveau le Syndicat mixte de production et d’interconnexion d’eau potable de la Creuse (SMPIEP23) qui a émergé.

Le prochain enjeu va être de porter la gouvernance de « ce plan d’actions ambitieux ». L’Etat propose un point d’étape annuel pour voir « où nous en sommes ». Le Département pourra de son côté être à la fois porteur de projets et co-financeur de projets portés sur le territoire dans les domaines de la gestion de la ressource en eau, de l’habitat et de l’urbanisme, des infrastructures numériques, de la mobilité, santé, jeunesse, culture, sport, tourisme et de l’aménagement du territoire à travers la déclinaison des contrats Boost’. Dans la suite du calendrier, la préfète présentera « ce contrat entre l’État et le département », en réunion interministérielle mardi prochain.

À l’aube de ce nouveau Plan particulier pour la Creuse, les élus du Départemental sont enthousiastes et prêts à s’atteler à la tâche. La présidente du Conseil départementale, Valérie Simonet, se réjouit de la mise en œuvre de ce second PPC, basé « sur des stratégies sur plusieurs niveaux » plutôt que des actions listées mais n’a pas manqué de rappeler qu’il ne peut y avoir d’actions sans moyens, pour des collectivités « prises en tenailles au regard du contexte socio-économique qui va perdurer et surtout de [leur] capacités à agir localement, à mobiliser des financements ». Elle mise sur le « faire ensemble » et le « faire plus frugal » pour « cette Creuse que l’on ambitionne, qui se veut accueillante et qui répondra probablement plus que d’autres territoires aux défis qui sont ceux de notre siècle ».

Jean-Luc Léger, chef de file de la gauche, souligne le choix judicieux de « déterminer des priorités très fortes et notamment tout ce qui concerne l’habitat que je considère comme la mère de toutes les batailles. C’est ce qui nous permettra de maintenir la population qui est là et d’accueillir de nouvelles populations ». Il rappelle lui aussi que « si l’État veut que le PPC soit opérant, il faut qu’il soutienne financièrement, parallèlement au PPC, les collectivités pour qu’elles puissent investir ».

Pour Jean-Jacques Lozach, conseiller départemental de Bourganeuf et sénateur, les déclarations d’intentions doivent être suivies sans attendre de mesures précises. « Il va falloir se retrousser très rapidement les manches et se mettre à la tâche ». Car la concurrence avec une dizaine d’autres plans particuliers qui se préparent, qui n’existait pas en 2017, est bien là. Mais celui de la Creuse, assure le secrétaire général de la préfecture, sera le premier à être déposé sur le bureau de la première ministre. 

Texte : Julie Ho Hoa julie.hohoa@centrefrance.com