L'incroyable histoire de ce couteau de grand valeur, volé durant le salon Coutellia et retrouvé six mois plus tard

Alors que la 32e édition de Coutellia battait son plein les 20 et 21 mai derniers, une pièce unique de l’exposition consacrée aux meilleurs ouvriers de France avait été volée à la Cité des Couteliers à Thiers (Puy-de-Dôme). Après enquête, ce couteau a été retrouvé.

L’affaire avait suscité l'émoi dans le milieu coutelier. Durant la dernière édition du festival Coutellia, un couteau avait été volé, en pleine journée, dans une des vitrines de la Cité des Couteliers, à Thiers (Puy-de-Dôme). Cette pièce unique était présentée dans le cadre de l’exposition Lames d’excellence, les meilleurs ouvriers de France. L’enquête avait été confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Thiers. Six mois après les faits, le couteau volé a été retrouvé au terme d’une longue et minutieuse enquête.

"Plusieurs pistes ont été explorées et nous ont menés à un homme de 49 ans domicilié à Saint-Étienne. Il a été interpellé mercredi matin. Il a tout de suite reconnu les faits."

L’auteur présumé du vol est un amateur éclairé de couteaux qui possède plusieurs pièces à son domicile. Une perquisition dans sa résidence secondaire a permis de retrouver le couteau dérobé à Thiers.

La pièce en question a été réalisée par Nicolas Couderc, coutelier installé à Liourdres (Corrèze). L’artisan ne cachait pas son étonnement en apprenant que son œuvre avait été retrouvée :

"Je trouve improbable qu’il ait été retrouvé. Je ne pensais pas qu’il y aurait une enquête aussi poussée pour retrouver ce couteau. En même temps, j’avais entendu dire que le voleur s’était blessé au moment des faits et avait laissé des traces de sang."

L’objet du larcin est un onglier de six centimètres de long comprenant quatre petites pièces : une petite lame, une grande lame, une lime à ongles et des ciseaux. "C’est un petit bijou, un petit couteau suisse", souligne Nicolas Couderc. Les lames sont en acier inox et le manche en fibre de carbone. Un objet qui a demandé plus de 200 heures de fabrication.

"Ce ne sont pas tellement les matériaux qui font sa valeur. C’est surtout le fait que c’est de la petite mécanique de précision. C’est un exemplaire unique. Si on ajoute la réflexion qu’il y a derrière, c’est compliqué à estimer."

Mais alors, pourquoi voler cette pièce en particulier ? "C’est un grand mystère, répond Nicolas Couderc. Il y avait des choses plus techniques et plus jolies. Mon couteau était sans doute plus accessible." À l’époque des faits, le préjudice était évalué entre 3.000 et 10.000 euros.

Il y a donc là un heureux dénouement dans cette affaire, à un détail près. On aurait pu s’attendre légitimement à ce que le couteau soit rendu à son fabricant. Mais celui-ci ayant été indemnisé à hauteur de 3.000 euros, c’est désormais son assurance qui en est la propriétaire légale.

"Je trouverai respectueux que le couteau me soit rendu. J’aimerais qu’il reprenne sa place au musée pour terminer l’exposition, car il fait partie d’un triptyque. Je ne sais pas ce que compte faire l’assurance."

L’auteur du vol comparaîtra sur reconnaissance préalable de culpabilité le 25 mars prochain devant le tribunal de Clermont-Ferrand. Il encourt jusqu’à 3 ans de prison et 45.000 euros d’amende. Le quadragénaire n’avait visiblement pas la volonté de tirer profit du vol de ce couteau. "Il l’a récupéré pour lui. C’est plus du domaine de la pulsion", conclut le capitaine Biguenet.

Thomas Loret