Mathieu Lescure (Aurillac) au sujet du derby contre Brive : "Ce match, c'est un peu la lutte des classes"

Proches géographiquement, mais si éloignés dans leurs moyens, Aurillac et Brive, qui s'affrontent ce vendredi soir (19 h 30) en Corrèze, sont les deux plateaux d’un derby qui peut paraître déséquilibré. Ce qui ne fait qu’en rehausser la saveur, comme le souligne Mathieu Lescure, près de 300 matches avec Aurillac, désormais entraîneur adjoint du Stade et Cantalien pur jus.

Même si le sentiment de plénitude n’était pas loin, vendredi 19 avril, au sortir de la victoire aboutie contre Béziers (27-7) à laquelle il n’a peut-être manqué qu’un bonus offensif qui, au vu du contenu aurillacois ce soir-là, n’aurait pas été déconnant, Mathieu Lescure avait encore de quoi avoir un petit bout d’émotion dans la voix au moment d’évoquer ce qui devait suivre : le déplacement à Brive.

« Le mot d’ordre sera d’abord de récupérer, et puis ensuite nous, on n’aura plus rien à jouer, si ce n’est aller chercher des points pour se maintenir mathématiquement. Et quoi de mieux qu’un derby ? Moi, en tant qu’Aurillacois, ça me parle et ça me tient à cœur ».

À cet instant, l’ex-3e ligne n’avait pas toutes les cartes en main pour évoquer avec quelles forces vives le Stade s’en irait rendre visite à son voisin. Il y avait une raison double à cela : d’abord la question de l’état physique des troupes. Et puis cette notion des JIFF qui, à Aurillac plus qu’ailleurs, entre en considération au moment de voyager.

Depuis vendredi dernier, il a été acquis (assez vite d’ailleurs) que le groupe changerait peu. Et que, clairement, le Stade allait se présenter sur la pelouse du Stadium avec ce qu’il a de plus costaud sous la main à l’instant « t ». Est-ce que ce sera suffisant ? Difficile de l’affirmer. Toujours est-il qu’en termes d’image, c’est mieux. Et ça veut dire qu’Aurillac ne galvaude pas ce derby qui est, dans le cas cantalo-corrézien, plus qu’une histoire de voisins qui s’affrontent.

Moi, j’aime ces histoires où le petit peut aller manger le grand. Je ne pense pas que ce soit infaisable. Je ne sais pas encore comment on va se déplacer, mais c’est un match que n’importe quel joueur qui porte le maillot d’Aurillac rêverait ou doit rêver de jouer, c’est sûr.

« Il y a ce côté historique, et c’est aussi un peu la lutte des classes. On ne joue pas dans la même catégorie. Pour les joueurs comme pour nous, c’est hyper stimulant. Les joueurs vont prendre du plaisir et se régaler, et nous, on va essayer de trouver des choses dans la stratégie pour contrecarrer Brive », pointait celui qui compte près de 300 matches sous ce maillot et qui était titulaire lors de la demi-finale de 2013 au Stadium.

Avec cette notion de derby chevillée au corps, comme elle est évidemment présente pour ses camarades du staff Roméo Gontinéac et Alain Belguiral qui l’ont joué également - « mais Jérémy (Wanin) a aussi bien conscience de ce que ce match a de particulier », recadre l’ex-3e ligne - la transmission peut-elle et doit-elle être au cœur de l’approche de ce Brive-Aurillac ?

En tout cas, c’est en insistant sur des notions qui dépassaient le cadre purement technique et tactique que le Stade était parvenu à sortir la prestation XXL qui lui a permis de mater Béziers vendredi dernier. « J’ai cru entendre [qu’avant Béziers] on était au pied du mur. Tu ne peux pas tout le temps appuyer sur le bouton de l’affectif, mais [vendredi] c’était ça. Et quelle belle réponse », soufflait alors l’entraîneur adjoint.

David Delarue, transfuge de Brive devenu taulier à Aurillac

À trois matches de la fin, Aurillac peut apporter la dernière réponse à cette question qui est restée en suspens toute la saison. Le Stade peut-il faire un coup à l’extérieur ? Il y aura bien un autre voyage, c’est vrai. À Valence. Mais s’il y a un seul match à cocher avant de soigner ensuite les au revoir contre Montauban, c’est clairement ce derby.

À défaut de s’être qualifié, Aurillac a là l’occasion de marquer sa propre histoire. Et accessoirement de condamner Brive à devoir rejouer le derby l’an prochain. Pour le plus grand bonheur des Cantaliens. 

Jean-Paul Cohade Photos : Frédéric Lherpinière et Jérémie Fulleringer