Un œil attentionné remarquerait dans ces palmarès des ventes du 29 avril au 5 mai une dégringolade certaine de Joël Dicker, de Michael McDowell, d’Eric-Emmanuel Schmitt, de Guillaume Musso, de Bernard Minier, d’Ana Huang ou encore de Morgane Moncomble, pour ne citer que les romanciers. Que cela signifie-t-il ? Rien, car eu égard au viaduc de la semaine dernière, les données fournies par Edistat ne proviennent pas de 800 points de vente, librairies, grandes surfaces spécialisées et sites Internet, comme d’habitude, mais seulement de 400 points de vente.

Ce qui ne doit nous empêcher de citer les entrants de la semaine : Ils sont six du côté des fictions, à commencer par Franck Thilliez qui s’octroie ainsi la première place du podium avec Norferville (Fleuve éditions), imprimé à 180 000 exemplaires. Il y est question d’un détective et criminologue lyonnais, Teddy Schaffran, qui apprend que le corps de sa fille a été découvert dans une ville minière très isolée du Grand Nord québécois, Norferville, non loin d’une réserve autochtone. Et qui plaque tout pour partir enquêter sur place… A sa suite, en 3e position, Virginie Grimaldi, pourvoyeuse, elle aussi, de best-sellers à répétition, présente avec Plus grand que le ciel (Flammarion), son 10e roman. Elle y traite des destins croisés d’Elsa et Vincent, deux patients du même psychiatre se rencontrant régulièrement dans la salle d’attente. Surgit également, en 6e position, l’Américaine Scarlett St. Clair avec le tome IV de sa série Hadès et Perséphone (t. IV), A touch of Chaos (Hugo Roman).

Moins attendue, l’arrivée flamboyante de Philippe Collin à la 8e place avec son premier roman, Le Barman du Ritz (Albin Miche). Fort de la réputation de ses podcasts à succès (autour de Léon Blum et de Louis-Ferdinand Céline) sur France Inter, le journaliste féru d’histoire nous replonge dans les années 1940 avec, en personnage central, Frank Meier, le bartender autrichien (et juif) du célèbre palace de la place Vendôme, autour duquel gravitent tout le gratin nazi de l’Occupation ainsi qu’Ernst Jünger, Sacha Guitry ou Coco Chanel. Lui est italien et entre, tel un métronome, dans notre liste des best-sellers à chacune de ses parutions. Il s’agit d’Erri De Luca, bien sûr. Avec Les Règles du Mikado (Gallimard), Il nous embarque en pleine montagne en compagnie d’une jeune tzigane slovène de 15 ans en fugue et d’un vieux randonneur. Rien à voir avec Laurent Gounelle dont le roman, Un monde presque parfait, paraît chez Mazarine (il y a suivi sa nouvelle patronne, Lise Boëll). Deux univers s’affrontent dans ce Monde presque parfait, celui des "Réguliers", adeptes d’une société hyperdéveloppée, hyperconnectée, veillant au bien-être des individus, et celui des "Exilés", des rebelles fidèles à une certaine philosophie de vie…

"Quelle libération !"

Du côté des essais, trois rebelles au statu quo. Eux aussi font bouger les lignes. Ainsi de la romancière, essayiste et chroniqueuse à L’Express Abnousse Shalmani qui débarque à la 11e place avec Laïcité, j’écris ton nom (L’Observatoire). "La laïcité, c’est la promesse républicaine tenue, y explique-t-elle dans un entretien à lire sur le site de L’Express. La laïcité permet d’être en même temps les enfants de Lamartine et d’Aimé Césaire, d’être compatriote de Joséphine Baker et d’Albert Camus, de Cioran comme de Victor Hugo. La France laïque ne reconnaît que le citoyen. Quels que soient sa religion, son ethnie, sa couleur, son sexe, son origine sociale. Quelle libération !"

A trois places derrière elle, une autre femme, la journaliste israélienne Lee Yaron qui publie 7 octobre (Grasset). Dans cette enquête sur la journée noire du 7 octobre, la plus meurtrière pour le peuple juif depuis la Seconde Guerre mondiale, l’auteure donne un visage à ces femmes, ces hommes et ces enfants, atrocement tués, torturés ou enlevés. Enfin, après avoir bercé les ondes de France Inter, le critique et historien de la littérature William Marx s’infiltre au 16e rang avec Un été avec Don Quichotte (Equateurs/France Inter), tout juste publié.