Pourquoi Emmanuel Macron ne peut pas lever des millions d'euros auprès de ses riches donateurs
De passage à Londres la semaine dernière, l'ancien ministre de l'Economie recevait à dîner jeudi soir, à un petit-déjeuner et à déjeuner vendredi. Le tout dans l'objectif "assumé" de récolter de l'argent pour financer son mouvement et une (éventuelle) campagne présidentielle.
"Je manque de temps, d'argent et de talents", a-t-il reconnu sur place en rappelant à ses généreux contributeurs expatriés que leurs dons étaient plafonnés à 7500 euros.
#Aurillac Macron #Financement. "La démocratie n'a pas de prix mais elle a un coût. Vous pouvez donner jusque 7500€." pic.twitter.com/Fvfl55Umtl
— Sophie de Ravinel (@S2RVNL) 7 septembre 2016
Le fantasme du banquier financé par les milliardaires
Un simple rappel des plafonds électoraux en vigueur qui a été immédiatement interprété comme le plancher minimum exigé pour accéder à une de ces rencontres. "Moi, je n’ai pas les moyens de me payer un dîner à 7500 euros avec Emmanuel Macron", s'agaçait ainsi Michael Vincent, le premier secrétaire de la section du Parti socialiste de Londres cité par Le Monde.
Dans la foulée, d'autres ont apporté leur pierre au fantasme de l'ancien banquier facturant 7500 euros le couvert dans la capitale britannique, siège de la City et d'une importante communauté de 300.000 Français.
7 500 € pour dîner avec #Macron à Londres ou 4 € le merguez/frites avec Philippe Poutou à la fête de l'Huma. C'est vous qui voyez ! ✊
— Olivier Besancenot (@olbesancenot) 9 septembre 2016
Soutien d'Alain Juppé et détracteur féroce de l'ancien ministre de l'Economie, François Bayrou n'hésite pas non plus à agiter l'épouvantail d'un Macron à la solde du monde de l'entreprise. "Derrière cet hologramme, il y a une tentative, qui a déjà été faite plusieurs fois, de très grands intérêts financiers et autres qui ne se contentent plus d'avoir le pouvoir économique, ils veulent avoir le pouvoir politique!", s'emportait la semaine dernière le maire de Pau.
Ce week-end, ce dernier en a remis une couche en dépeignant Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron comme deux êtres fascinés par les milliardaires. "C’est évidemment le monde de l’argent. Or aujourd’hui, l’argent gouverne tout", regrette le président du Modem.
Les dons privés strictement encadrés par la loi
Faux, répond l'entourage d'Emmanuel Macron, où l'on rappelle que si l'ancien banquier a besoin de lever des fonds, c'est avant tout parce qu'il ne bénéficie d'aucune subvention publique. "Dîner avec Emmanuel Macron, que ce soit à Paris, à Londres, à Aurillac ou à Narbonne est strictement gratuit. Aucun ticket d'entrée n'est exigé", a fait savoir ce lundi l'équipe du fondateur d'En Marche, démentant par ailleurs la mise en place d'un "système de premier cercle conditionnant à un don important l'accès au dirigeant du mouvement".
Les soutiens de l'ancien ministre assurent au passage qu'il en va de même pour les tickets de sortie, qui ne sont pas non plus exigés pour participer à une rencontre avec Emmanuel Macron. "Les trois quart des contributions au mouvement En Marche sont aujourd'hui inférieures à 50 euros", jure son équipe pour gommer l'image d'un Macron porté par de grandes fortunes du web où il trouve de nombreux soutiens.
Qu'un candidat lève de l'argent en France ou à l'étranger, les règles de financement politique sont d'ailleurs les mêmes. La loi du 19 janvier 1995 interdit les dons et avantages en nature des entreprises privées. Hors campagne, chaque électeur peut donner à un parti politique jusqu'à 7500 euros par an. Pendant la campagne, chaque électeur peut effectuer un don 4600 euros sur toute la durée de l'élection, la circulation d'argent liquide étant prohibée au-delà de 150 euros.
Le candidat peut également financer sa campagne en allant puiser dans ses économies (pas de limite légale) ou en contractant un emprunt. Mais pour se faire rembourser 50% de ses frais de campagne, un candidat à l'élection présidentielle doit avoir obtenu au moins 5% des suffrages exprimés et respecté le plafond de dépenses fixé par la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) à 22, 5 millions d'euros (en cas de qualification au second tour).
Autre condition importante: le montant global des dons privés ne doit pas dépasser 20% du plafond de la CNCCFP, soit 4,5 millions d'euros. Il se murmure qu'En Marche n'a pour l'heure récolté que 3000 dons avoisinant 700.000 euros. Cela représente une moyenne d'un peu moins de 234 euros par donateur. Et c'est plus qu'insuffisant pour mener une campagne présidentielle.
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