Meurtre d'un quadragénaire à Aubière : une reconstitution a eu lieu en présence des deux suspects

Mis à part la présence de deux fourgons de l’administration pénitentiaire dans une petite cour, rien ne laissait deviner une reconstitution en cours, dans le cadre d’une affaire criminelle, ce vendredi, dans un immeuble du centre-ville d’Aubière. Cette affaire, c’est le meurtre d’un Clermontois de 42 ans, retrouvé mort dans la baignoire d’un appartement de la résidence Les Ramacles, le 7 mars 2023.

À 9 heures, un petit groupe s’est formé devant l’entrée du bâtiment. Il y avait là, notamment, les enquêteurs de la police judiciaire munis d’une mannequin matérialisant la victime, les trois hommes mis en examen, la magistrate clermontoise en charge d’instruire le dossier, ainsi que quatre avocats. Tous se sont rapidement engouffrés dans l’immeuble pour n’en ressortir que vers 16 heures. Soit sept longues – et sans doute éprouvantes – heures au cours desquelles la juge a tenté de comprendre qui a fait quoi, dans le huis clos de ce petit logement, au cours de la nuit de 6 au 7 mars 2023.

D’après l’autopsie, le quadragénaire a succombé à une hémorragie interne. Il a reçu des coups de pied et de marteau et a été ligoté aux pieds et au cou à l’aide d’une sangle. Les deux hommes soupçonnés d’être à l’origine de ce déferlement de violences, Mickaël G., 38 ans et Vincent T., 40 ans, locataire de l’appartement, ont été mis en examen pour meurtre et sont toujours écroués.

Le drame aurait pour contexte une forte consommation d’alcool et de cannabis et un mobile des plus futiles, une dette de 20 euros. Depuis le début de l’instruction, les deux suspects, qui avait passé la soirée avec la victime, s’accusent l’un l’autre de l’avoir tuée. "Chacun a campé sur ses positions", indiquait Me Jérémy Béranger, avocat de Mickaël G., à l’issue de la reconstitution. "Ils reconnaissent a minima leur implication dans le fait d’avoir porté des coups. Chacun accuse cependant l’autre d’avoir porté ceux qui ont été mortels."

Me Nathalie Tixier, qui représente Vincent T., confirme ces divergences et ce statu quo. "Ils ont toujours une version différente des faits. Là-dessus, on n’a pas beaucoup avancé." Le troisième mis en examen, témoin du drame, a lui aussi maintenu ses déclarations. Placé sous contrôle judiciaire, il est arrivé libre "Mon client n’a pas participé aux violences et il est le seul dont la version ne varie pas", souligne Me Claire Gillet-Challeton, son avocate.

En dépit de ces oppositions, de l’exiguïté des lieux et de la longueur, la reconstitution, aux dires des avocats, s’est déroulée sans incidents. Un acte important dans une instruction qui, après avoir bien avancé, toucherait à sa fin.

Olivier Choruszko et Leïla Aberkane