Après une pause forcée en raison de la crise sanitaire, l'accordéoniste cantalienne Sylvie Pullès revient… différemment
Comme tous les artistes, Sylvie Pullès a vécu une année terrible, sans pouvoir se produire. Elle en a profité pour ressortir des projets des cartons, et préparer un retour tout en surprises.
Rien. Pas le moindre bal, le moindre gala, le moindre concert. Depuis mars, Sylvie Pullès ne s’est pas produite en public.
VideUne situation forcément difficile à vivre. Financièrement, d’abord.
On a une année blanche au niveau de l’intermittence, ça permet de garder notre statut plus longtemps. Mais je n’ai eu aucun cachet, donc aucune rentrée. Toute l’année, j’ai été comme un commerçant fermé.
Mais psychologiquement aussi. « Je n’ai pas trop utilisé ce temps pour composer. Pour cela, il faut que je sois dans de bonnes dispositions, zen, et je ne l’étais pas tout le temps. Mais il y a pire que moi. J’ai des collègues qui n’ont pas touché leur accordéon depuis mars, d’autres qui ont arrêté leur carrière. »
Remise en questionCe n’est pas son cas. Mais cette bulle aura été l’occasion d’une remise en question. « J’ai repassé du temps à la maison, j’ai arrêté d’être toujours sur la route, tous les week-ends, tout l’été. Je suis même allée aux châtaignes, pour la première fois depuis des lustres. Alors, bien sûr, ça me tarde de me produire à nouveau devant le public. Mais je ne vais plus courir les galas comme avant. Je veux toujours faire plaisir au public, mais je veux aussi penser à me faire plaisir, et à transmettre. »
Mais l’artiste a aussi profité de ce confinement pour « dépoussiérer de vieux projets. » Ainsi, elle sort deux DVD, des captations de bal avec orchestre et danseurs, histoire de permettre aux amateurs de se dégourdir les jambes dans leur salon. Elle enregistre aussi en ce moment un album entièrement en occitan, avec de nouvelles compositions mais aussi des reprises de chansons dans la langue d’Oc. Avant sa sortie, au printemps, un autre projet aura vu le jour, tout aussi identitaire, mais encore top secret.
... et décorationAutant de travail pour la culture occitane et les traditions auvergnates qui lui ont valu d’être faite chevalière des arts et des lettres. « C’est une vraie fierté, d’autant qu’on est peu d’accordéonistes à être distingués. J’aurais dû la recevoir à l’automne, mais je préfère attendre le printemps, pour pouvoir faire une belle fête, avec la famille, les amis. »
Yann Bayssat