Meurtre d'Ambert (Puy-de-Dôme) : Alcool, violence et déni, l'inexorable dérive de l'accusé
Qui est Pierre Reviron, jugé pour le meurtre de David Ramires, depuis lundi, aux assises du Puy-de-Dôme ? Ceux qui l'ont bien connu décrivent un homme aux deux visages.
Pierre Reviron ? Un homme honnête, serviable et courageux, décrivent ceux qui l’ont bien connu. « Mais quand il boit, il fait n’importe quoi », regrette l’ex-concubine de celui-ci, jugé pour le meurtre de David Ramires, depuis lundi, devant la cour d’assises du Puy-de-Dôme. Elle a vécu près de quinze ans avec l'accusé.
"Ce n'était plus vivable"« Il a été l’homme de ma vie, nous avons eu de belles années, mais à la fin, ce n’était plus vivable. » Le « n’importe quoi », c’était ses excès de colère et de violence, souvent suivis d’amnésie. « Il ne se souvenait jamais de ce qu’il faisait. Le black-out complet. »
« Et le fait de ne pas se souvenir d’avoir tué quelqu’un, c’est possible selon vous ? », rebondit Diane Amacker, la présidente. « Tout à fait. Mais même s’il est capable de faire n’importe quoi, il y a quand même des choses bizarres dans cette affaire. »
Il maintient ses dénégationsCette affaire, c’est le meurtre par arme blanche de David Ramires, 34 ans, le 9 septembre 2018, dans l’appartement de Pierre Reviron, à Ambert. L’immeuble avait été évacué la veille à la suite d’un incendie. La victime était un ami de ses voisins. Au troisième jour de son procès, Pierre Reviron, 52 ans, en partie trahi par son ADN, ne reconnaît ni n’explique ce crime.
« Moi, je n’ai pas été étonnée », confie sans hésiter son unique fille, une jeune femme de 23 ans à la longue chevelure et au doux visage. « Avec ce qui s’est passé avant, l’incendie de sa précédente maison, à Saint-Martin-des-Olmes, son séjour en psychiatrie, son déclin… »
"J'ai cru qu'il allait la tuer"Elle aussi décrit deux hommes. « Quand j’étais petite, un père aimant, qui m’a transmis l’amour des chevaux, qui m’a appris à rendre service aux gens. » Mais aussi un père violent avec sa mère lorsqu’il buvait. Jusqu’à ce jour de 2010 « où j’ai vraiment cru qu’il allait la tuer. » Elle avait 12 ans.Elle et sa mère s’enfuient et s’éloignent alors de lui pour toujours. La peur ne quittera plus la première.
« Celui que j’aimais est mort ce jour-là. C’est quelqu’un de méchant qui l’a remplacé. »
La fille de l'accusé
Les retrouvailles devant la cour d’assises sont une nouvelle épreuve. Pierre Reviron, dont les épaules, dans le box, rivalisent de largeur avec celles des solides agents de son escorte, se dresse comme un lion. « Oui je gueule, mais sa mère, je ne l’ai jamais frappée ! », lance-t-il, le regard noir.
Impulsivité, irritabilité...Les violences pour lesquelles il a été condamné par le passé, il les nie aussi. Les expertises auxquelles il a été soumis pointent une impulsivité, une irritabilité, et une tendance structurelle à ne pas se sentir coupable. « Mes souvenirs, ils ne sont pas vrais ? », fait face courageusement sa fille.
Dans la salle, deux des sœurs et la mère de la victime, présentes depuis le début de l’audience, regardent la jeune femme repartir après cet échange poignant. La vérité, elles aussi l’attendent, depuis plus de trois ans. Le sort de Pierre Reviron sera fixé jeudi, en fin d’après-midi.
Olivier Choruszko