Le loup suspecté de six nouvelles attaques de troupeaux en Haute-Loire
Le monde de l’élevage est en émoi dans le sud de la Haute-Loire. Depuis fin mai, le loup est dans le collimateur pour six attaques. Des analyses de l’Office français de la biodiversité devraient en dire plus d’ici quelques jours. Mais pour les éleveurs, le responsable est déjà trouvé...
Le printemps est la période où les jeunes mâles de deux ans sont chassés de la meute de loups. Poussé par son instinct pour créer son propre clan, le jeune alpha cherche à la fois une partenaire et un territoire. Le canidé sauvage peut alors parcourir jusqu’à 200 kilomètres par jour. Il ne serait donc pas étonnant de le voir gagner du terrain en Haute-Loire. C’est en tout cas le sentiment partagé par de nombreux éleveurs locaux.
Depuis la fin du mois de mai, ces derniers affirment subir des attaques sur deux secteurs. Le premier est celui déjà connu du Gévaudan. Le second date de ces dernières semaines et pourrait être ouvert par un animal venant d’Ardèche.
Ludovic Raspail, éleveur de La Besseyre-Saint-Mary, a pu bénéficier de quatre parcs électrifiés afin de protéger ses troupeaux des attaques nocturnes.Les preuves de la présence du loup ont déjà été faites par le passé sur le secteur limitrophe avec le département de la Lozère. Dans la nuit du 24 au 25 mai, Ludovic Raspail, du Gaec du mont Mouchet, à la Besseyre-Saint-Mary, en aurait fait les frais. Un lot de 85 brebis prêtes à agneler a été attaqué au lieu-dit Hontes-Bas. Sur les 27 bêtes mordues « à la gorge ou sur le flanc », trois ont été trouvées mortes au matin, douze ont été euthanasiées ou sont décédées des suites de leurs profondes blessures sans oublier les huit qui ont avorté. Un autre lot, en pâture à 3 km de sa ferme, mais côté Lozère à Auzenc, commune de Paulhac-en-Margeride, a subi une attaque ce lundi 13 juin. Sur 15 bêtes blessées, quatre sont mortes pour l’instant. « Ça s’est passé entre 23 heures et 5 heures » explique l’agriculteur dépité.
À Salettes, Saint-Paul-de-Tartas et MoudeyresPour Ludovic Raspail, le coupable est le loup. Si l’OFB n’a pas encore confirmé son implication, l’éleveur a pu bénéficier de quatre parcs électrifiés afin de protéger ses troupeaux des attaques nocturnes.
Une brebis attaquée sur le flanc.Fin mai, d’autres troupeaux de brebis auraient été ciblés par l’animal à Saint-Christophe-d’Allier mais aussi à Salettes. Cette commune est la première porte d’entrée de l’animal dans le secteur du Mézenc. « Dix bêtes ont été agressées fin mai et là encore nous pensons que c’est l’œuvre du loup. Cela correspond à une hausse des attaques constatées dans le secteur de Privas en Ardèche », précise Claude Font, président de la FDSEA de Haute-Loire. Ce mardi, c’est une bergerie de Saint-Paul-de-Tartas qui a observé des morsures sur dix moutons. Au cours de la nuit de jeudi à vendredi, trois bêtes ont été attaquées à Moudeyres. Là encore, les analyses de l’OFB devront faire la lumière et prouver ou non la culpabilité du loup.En attendant, cette situation est très mal vécue par les éleveurs du sud de la Haute-Loire touchés tout comme ceux du nord de la Lozère et du Cantal.
Jeudi soir, à l’initiative de la FDSEA de la Lozère, un barrage filtrant a été mis en place sur l’autoroute afin de manifester leur colère. « Le député de la Lozère nous a permis d’avoir un contact téléphonique avec le ministre de l’Agriculture qui pourrait soit recevoir une délégation d’éleveurs concernés soit se déplacer lui-même ici », explique le président de la FDSEA.
« Ces attaques meurtrières sont vécues comme un coup de poignard par une profession qui se sent sacrifiée à la faveur de la biodiversité », peste l’éleveur de Margeride.
Céline Demars