Comment cette école de Lezoux sensibilise au handicap à travers la mise en situation
À l’école Potier-Marcus, à Lezoux dans le Puy-de-Dôme, la sensibilisation au handicap est un axe pédagogique majeur. En ce sens, et à l’occasion de l’année olympique, une semaine paralympique a été organisée à destination des élèves. Jeux, prévention et discussion sont au cœur de cette semaine particulière.
Monter sur des trottoirs. Aller aux toilettes. Faire du sport. Autant d’actions du quotidien qui nous paraissent aisées à réaliser. Or, ce n’est pas le cas pour tout le monde. C’est pour sensibiliser les élèves à ces problématiques que l’école Potier-Marcus a organisé une semaine paralympique.
Dans la cour de l’école, un élément vient déséquilibrer le quotidien des enfants. Plusieurs fauteuils roulants ont été disposés contre le mur de la salle de sport. Et il ne s’agit pas là d’un élément de décor. « Les élèves vont se servir des fauteuils toute la matinée pour en apprendre davantage sur ce que c’est que le handicap moteur », indique Stéphanie Billet, la directrice de l’établissement.
Dans la salle, 24 élèves de CE1 accrochent leurs manteaux avant d’aller s’installer face aux intervenants du jour. Leur maîtresse, Anaïs, sépare la classe en deux groupes, qui feront chacun deux activités : du basket fauteuil, avec Benoît, et un atelier "vie quotidienne ", avec Olivier. Tous deux sont membres de l’association Minusvalidos, basée à Clermont-Ferrand. "C’est facile à retenir, c’est écrit sur vos t-shirts !". Et dans cette phrase tient toute l’innocence propre à l’ensemble des questions que posera la classe. Car ce sont les vêtements floqués des deux membres de l’association qui les ont d’abord intrigués.
Et non leur handicap.
Une initiative enseignanteAvec un sourire et une fierté non dissimulés, l’enseignante observe les élèves s’installer dans les fauteuils dont ils se serviront toute la matinée, et écouter les règles relatives au basket fauteuil. Car l’initiative part d’elle. "L’an dernier, avec l’une de mes collègues, nous avons organisé des séances de rugby fauteuil, d’apprentissage du braille, et on a remarqué que, en plus d’intéresser les enfants, cela améliorait le climat scolaire de l’école." Il n’en faut pas plus pour que Stéphanie Billet décide d’ouvrir ce projet à l’école entière. Et durant une année olympique pour couronner le tout.
Ce sont donc les 370 élèves de l’école Potier-Marcus qui vont se prêter aux Jeux, deux semaines durant.
Nous avons réparti l’ensemble des élèves sous les couleurs de 30 pays. Chaque jour, ils réaliseront des épreuves sportives, paralympiques la première semaine, et classique la seconde. Et nous avons même préparé un podium grâce à des médailles fournies par la mairie.
Ce matin, l’accent est porté sur le handicap moteur. Le premier atelier : du basket fauteuil. Au départ, les douze élèves du groupe sont amusés par la chaise roulante, sur laquelle ils se trouvent.
Basket fauteuil et vie quotidienneEn oubliant presque les règles. "C’est un fauteuil, pas une autotamponneuse", rappelle gentiment Benoît. Avant d’expliquer le principe du sport.
Normalement, le panier est à la même hauteur que pour le basket classique, mais là, il a fallu improviser. Pour vous déplacer, vous devez mettre le ballon entre votre menton et vos genoux, et vous servir de vos bras pour faire rouler le fauteuil.
Aussitôt dit, le jeu est lancé. Et si au début, tous se ruent pour attraper le ballon, dix minutes après, ce n’est pas la même rengaine. "J’ai mal au dos", "j’ai mal aux bras", bref, tous le disent à la maîtresse, "au début c’était trop cool mais je préfère quand même marcher."
Puis, place au second atelier, celui sur la vie quotidienne d’une personne en fauteuil roulant, encadré par Olivier. Première étape, comment surélever le fauteuil pour réussir à circuler malgré les obstacles ? "Ah ça c’est trop facile je suis sûr que j’y arrive", assène l’un des élèves. Mais au moment de la mise en pratique, il change d’avis : "En fait ça fait peur, et c’est dur, il faut beaucoup forcer."Olivier leur présente ensuite sa voiture. "Mais comment tu fais pour conduire si tu ne peux pas utiliser les pédales ?" Médusés, les enfants découvrent un système de poignées, reliées au volant, qui permettent d’actionner le frein et l’accélérateur. "Moi aussi je veux ça plus tard". Mais, pour un coût d’installation variant entre 3.000 à 5.000 €, pas toujours remboursés, Olivier leur assure qu’une voiture classique, c’est bien suffisant.
Ensuite, direction la cour de l’école, et ses gravillons. Où tous se coincent. "C’est à ce moment-là qu’ils commencent à comprendre que ce n’est pas si facile, de se déplacer en fauteuil roulant", glisse le bénévole. Mais la prise de conscience se joue surtout au moment de la mise en situation finale : comment accéder aux toilettes. Instinctivement, les enfants se placent devant la porte pour essayer de l’ouvrir. Or, celle-ci vient buter contre le fauteuil. Après trois essais infructueux, Olivier leur montre la solution : se placer de l’autre côté de la porte.Arrivés dans les sanitaires, ils comprenent également pourquoi une pancarte "Interdit aux enfants" restreint l’accès aux WC handicapés.
Dans les toilettes classiques, on n’a pas la place pour se retourner.
La cloche sonne l’heure du déjeuner, et la fin d’une matinée enrichissante pour les enfants. Si ce matin, ils ont pris conscience de la difficulté que peut représenter un handicap moteur dans la vie de tous les jours, ils continueront leur apprentissage à travers d’autres expérimentations, comme celle du cécifoot, du béret muet, ou encore de la pétanque sonore. Un programme bien chargé pour une semaine paralympique qui s’annonce sportive, pour les enfants comme pour les enseignants.
Fanny Rodriguez