Passage en force
Pas sûr que l’envoi de gendarmes en renfort pour rétablir l’ordre soit le meilleur gage d’apaisement dans un moment aussi sensible. C’en est même à se demander si le locataire de la place Beauvau a retenu les leçons de l’Histoire et de ses tragédies comme celle encore si trouble d’Ouvéa. C’en est même à se demander s’il a bien été compris l’importance, tout aussi historique, du rôle de Matignon dans la construction des relations entre la Calédonie et la métropolitaine France. C’en est encore à se demander si, du vieux Continent, les décideurs ont pris la mesure de ce qui se joue de changement sur cette terre singulière et qui n’a rien à voir avec du folklore. Défaire les (difficilement) acquis du passé équivaut pour beaucoup à une régression. Le passage en force d’une loi imposée à tous au profit de quelques-uns a peu de chance d’être accepté dans « le calme et la sérénité » prônés de si loin par le Premier ministre. Faudra-t-il « comme d’habitude qu’il y ait du sang » ? s’inquiétait, hier, un parlementaire ultramarin de la majorité. Assurément non, le Caillou a eu sa dose.
l’éditorial
Sophie Leclanché