Pourquoi l'association des anciens élèves de Saint-Joseph, à Montluçon, veut créer une salle de mémoire ?

L’association des anciens élèves de Saint-Joseph, à Montluçon (Allier) veut créer une salle de mémoire dans le cadre d’un projet de réhabilitation du deuxième étage du bâtiment historique.

Bien qu’elle célèbre ses 170 ans, l’Institution Saint-Joseph de Montluçon (Allier) ne reste pas figer dans ses traditions. Un peu plus d’un an après l’inauguration de la réhabilitation du rez-de-chaussée et du premier étage du bâtiment historique, l’établissement doit déjà pousser les murs. L’Institution va ainsi rénover le deuxième étage.

Au-delà du besoin de salles de cours (en raison d’un nombre d’élèves en hausse depuis plusieurs années), ce projet vient aussi de l’association des anciens élèves de Saint-Joseph.

Fondée il y a 150 ans, l’association a toujours œuvré dans la discrétion pour l’Institution Saint-Joseph. Elle aimerait gagner en visibilité auprès des élèves afin de continuer à leur apporter une aide.

"Les anciens élèves ont toujours été présents dans la vie de l’établissement. Je me souviens, quand j’étais scolarisé ici, que mon père qui présidait l’association avait œuvré au classement à l’inventaire des monuments historiques de l’orgue de la chapelle, ce qui a permis sa réhabilitation", pointe Jean-François Guers, membre de l’association des anciens élèves.

Une ancienne chambre-bureau d’un des pères maristes, ordre qui a fondé l’institution, aux murs recouverts de livres, deviendra à la fois le siège social de l’association des anciens élèves de Saint-Joseph et "la salle de mémoire".

"L’idée est que cette salle soit ouverte aux élèves. Ils pourront y venir durant les récréations ou entre les cours pour échanger avec des membres de l’association des anciens élèves, quel que soit le sujet."

"Notre but a toujours été de répondre aux besoins des élèves de l’institution", souligne Pierre Benech.

Pour lui, il est important de transmettre aux élèves actuels l’histoire de l’institution mais aussi les valeurs de ses fondateurs. " Je suis l’une des dernières générations à avoir été élève à Saint-Joseph quand il n’y avait que les pères maristes qui enseignaient. Ils ne nous ont pas transmis que des savoirs mais aussi des valeurs comme la modestie, la discrétion, le respect des autres…", raconte Pierre Benech, fin connaisseur de l’histoire de la Société de Marie, congrégation presque bicentenaire fondée par le père Jean-Claude Colin.

La réhabilitation va s'étendre au deuxième étage du bâtiment. Photo : Florian Salesse

L’ancien directeur général des services de la mairie de Montluçon apprécie de partager son érudition pour montrer ce que la congrégation a apporté à la ville.

Il met en avant que les maristes, après avoir mené des missions d’évangélisation de l’Océanie, avaient été appelés par les curés français pour évangéliser les campagnes françaises. Dans les villes qui voient leur population grossir grâce à la Révolution industrielle, les ecclésiastiques s’inquiètent de l’éducation des enfants.

"Les curés appelaient les pères maristes pour créer des maisons d’éducation. Ils accueillaient des gens modestes mais ils dirigeaient des écoles d’excellence, les commerçants et les bourgeois de la ville ont voulu y mettre aussi leurs fils."

"Au début, il y avait 30 à 35 gamins encadrés par deux ou trois pères. Très vite, il y a eu entre 70 et 1.000 garçons avec douze pères qui assuraient la totalité de l’enseignement", résume Pierre Benech.

C’est cette hausse des effectifs qui a conduit, dans les années 1870, à la construction de ce que l’on appelle aujourd’hui le bâtiment historique.

"Au début, l’institution était au niveau du numéro 150, boulevard de Courtais, l’actuelle école Sainte-Philomène, dans ce que l’on appelait le petit collège, puis on a construit le bâtiment historique pour répondre aux besoins de place."

 L’association des anciens élèves de Saint-Joseph tient son assemblée générale dimanche 2 juin en même temps que l’association du collège Saint-Joseph.

Il y a près de 100 ans, les anciens élèves avaient été obligés d’acheter les locaux pour sauver l’institution. "La loi de 1905 a créé des difficultés au niveau des bâtiments. À l’époque, la mairie de Montluçon n’avait pas bougé et Saint-Joseph était resté mariste", explique Pierre Benech.

Une vente du bâtiment est néanmoins prévue en 1926. L’association des anciens élèves de Saint-Joseph crée alors une société anonyme immobilière en 1924.

"Les anciens élèves sont devenus actionnaires pour pouvoir surenchérir face à la mairie de Montluçon qui voulait en faire un hôpital. Sans cela, l’institution disparaissait."

En 1972 l’association du Collège Saint-Joseph succède à la société immobilière. Après les travaux de 2023, l’association du Collège Saint-Joseph estime n’avoir plus de raisons d’être et donne le bâtiment au diocèse de Moulins.

Le projet de rénovation du deuxième étage est porté par l’organisme de gestion de l’enseignement catholique (Ogec) Saint-Joseph et l’association diocésaine de l’immobilier de l’enseignement catholique de l’Allier. Les travaux devraient se faire en deux tranches, coûtant chacune entre 600.000 et 700.000 euros, avec une ouverture des premières salles à la rentrée de septembre 2025.

Florence Farina : texteCécile Champagnat et Florian Salesse : photos