La prime de 50 euros à la réparation suffira-t-elle à développer la pratique du vélo en Creuse?
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Pour ceux qui ont un vélo qui dort au fond du garage, le moment est venu de bénéficier du coup de pouce gouvernemental pour pouvoir le réutiliser. Mais tous les magasins n'appliquent pas ce dispositif.
Après un mois et demi à se contenter d’étirements dans votre salon et de footings à taille réduite, vous avez des fourmis dans les jambes ? La bicyclette poussiéreuse du fond de votre garage semble vous faire des petits clins d’œil… Mais avant de vous ruer dans le magasin de vélos le plus proche, allez faire un tour sur la plateforme coupdepoucevelo.fr qui répertorie les réparateurs pouvant vous faire bénéficier d’une prime de 50 euros. En Creuse, ils ne sont pour l’instant que huit à être inscrits, dont Intersport et l’atelier associatif Recyclabulle à Guéret.
Un coup de pouce destiné aux usagers occasionnelsPour les magasins de vélos « traditionnels » de Guéret, le dispositif est une « usine à gaz », et pour cette raison, ils ont préféré l’éviter. « Si encore on était deux au magasin, ce serait jouable, mais là ça demande trop d’informatique et de contrôles », regrette Olivier Renoux, gérant de Renoux Cycles.
Contrairement à la prime de 200 euros à l’achat d’un vélo électrique, mise en place il y a deux ans, ce n’est pas au seul client d’effectuer les démarches pour obtenir un virement directement sur son compte, mais c’est au magasin d’avancer immédiatement les 50 euros au client. « On subit une crise énorme, avancer 50 euros par client sans être sûrs de se faire indemniser derrière, c’est lourd », explique Olivier Renoux.
Le second problème, c’est que le dispositif ne concerne qu’une partie restreinte des réparations : « Il faut distinguer la remise en état d’un vélo qui ne marchait plus avec la réparation ou l’amélioration de quoi que ce soit. Pour nous, cela concerne une part infime de la clientèle », témoigne Eric Brachet, gérant de la Boîte à Vélos. Et selon lui, la mesure n’a pas été bien comprise par nombre de ses clients, qui l’appellent pour savoir s’ils peuvent profiter de la prime pour réparer un pneu usé ou changer les roues. « Cela a été mal expliqué par le gouvernement, alors cela peut créer des tensions en magasin », affirme-t-il.
En revanche, pour l’atelier de réparation de vélos Recyclabulle, qui s’échine à remettre en circulation des vélos qui ne servaient plus, c’est une bonne nouvelle : « Ca peut remettre en selle des usagers habituels de la ressourcerie qui n’ont pas forcément beaucoup de moyens. Parce que 50 euros, généralement, ça recouvre les vélos d’occasion », estime Guillaume Blanchard, responsable de Recyclabulle. L’atelier a été un peu pris de court par les annonces gouvernementales, mais il devrait être opérationnel pour pouvoir réparer des vélos tous les après-midi, uniquement sur rendez-vous.
Manque de pistes cyclables à GuéretTous s’accordent à dire qu’une prime de 50 euros, même si elle est bienvenue pour les particuliers, reste insuffisante pour installer la pratique du vélo à Guéret et en Creuse. « Les effets de la mesure vont être très localisés, prévoit Erik Brachet, avec le manque en infrastructures de stationnement et de pistes cyclables à Guéret, je n’y crois pas trop. » La cohabitation avec les automobilistes, nombreux à Guéret, est dissuasive en raison du comportement dangereux de certains.
Le relief accidenté des routes creusoises est également un frein pour les usagers qui voudraient se rendre au travail à vélo. Mais Guillaume Blanchard reste confiant : « Cela nous permet de nous rappeler que la santé, cela s’entretient. Savoir gérer ses efforts, avec les vitesses : ce sont des choses qui se réapprennent. Mine de rien, un peu d’exercice physique… c’est pas mal ! »
Tom Jakubowicz