De 8 à 12 mois de sursis pour les quatre braconniers du Brivadois
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Le tribunal de grande instance du Puy vient de rendre son jugement en délibéré après l’audience du 19 mai. Les quatre prévenus sont reconnus coupables.
C’est une affaire qui avait fait du bruit lorsque les enquêteurs avaient présenté quatre suspects dans une affaire de braconnage sur grand gibier, notamment des cerfs, au printemps 2019. Ils étaient suspectés d’avoir prélevé deux tonnes de viandes, un chiffre qu’ils estiment "surévalué", au cours de parties de chasse clandestines, nocturnes et totalement illicites entre décembre 2012 et mars 2019.Les deux voisins, l’un chauffeur des expéditions, l’autre tireur à la carabine, ont chacun étaient condamnés à une peine de 12 mois de prison avec sursis. Les deux autres personnes, complices au gré des invitations des deux premiers, sont sanctionnés d’une peine de sursis de 8 mois, dont l’un avec une durée probatoire de deux ans. Tous ont interdiction de posséder un permis de chasse (retiré par la préfecture de Brioude au moment des interpellations au printemps 2019) pour une durée de quatre ans.
"Peu importe, tant que c'était de la viande"
Cette réponse pénale est assortie de la confiscation de l’ensemble des scellés dont plusieurs fusils, ainsi que les véhicules utilisés pour les parties de chasse interdites. Les braconniers devront indemniser les parties civiles. Les neuf associations, dont la Fédération départementale des chasseurs de Haute-Loire, l’association départementale des chasseurs de grand gibier, l’association Réseau écologie nature Haute-Loire et les associations communales de chasse agrées des communes de Lavaudieu, Frugières-le-Pin, Blesle, Ferussac et Blassac.
Lors de l'audience publique du 19 mai, les différents protagonistes ont tous reconnu les faits. Les rôles ont toujours été les mêmes au sein de leur équipe.
Des rôles en fonction du matériel et des compétences de chacunLes rôles se sont mis en place en fonction du matériel et des compétences de chacun. Le noyau dur était composé de deux voisins : un quinquagénaire et son voisin âgé d’une trentaine d’années. Deux éleveurs qui connaissent bien leurs terres et ont le goût de la chasse. Le plus âgé possède un véhicule pick-up. Parmi ses armes, une carabine capable de tirer à deux kilomètres sera utilisée à chaque sortie.
Le quinquagénaire est le « chauffeur » de la bande. À chaque sortie, son voisin s’installe sur le fauteuil passager. Lors de leurs périples nocturnes c’est ce dernier qui tire et « manque rarement sa cible ». Chacun des deux associe un ami à la partie de braconnage. Celui du « tireur » « récupère les os » pour ses chiens et aide à transporter les animaux. L’ami du chauffeur est plus « qualifié ». Il dépèce les bêtes et découpe la viande qui est ensuite répartie « plus ou moins équitablement ».
À deux, trois, ou quatre en fonction des sorties, les complices savent où trouver des gibiers. « Nous sommes agriculteurs alors on connaît nos terres. On sait où sont les dégâts sur les clôtures et les cultures de maïs », explique le plus loquace de la bande. En difficulté financière, le braconnage devient la solution à deux problèmes. Celui des dégâts d’une part et celui de l’approvisionnement en viande d’autre part. C’est d’ailleurs le manque de provision qui dictait le rythme des virées. Cerfs, biches, daguets, chevreuils, sangliers... « Peu importe tant que c’était de la viande », a froidement lâché le tireur de l’équipe le jour du procès.
Les estimations des enquêteurs évoquent le prélèvement de près de deux tonnes de viande durant cette période. Un chiffre qui fait bondir les braconniers. Spécialement le chauffeur qui certifie « ne pas manger de gibier ». Il aurait coopéré, uniquement par crainte de représailles de son voisin. Le tribunal n'a pas été sensible à cet aveu.
Céline Demars