Cambadélis pour une "démarche contractuelle" avec le gouvernement
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, voit dans l'adoption lundi soir des propositions socialistes sur le projet de budget 2016 un exemple de "démarche contractuelle" vis-à-vis du gouvernement, préférable à l'acte de "renverser la table" ou de "passer sous la table".
- Comment le PS compte-t-il agir face au gouvernement et infléchir sa politique pendant le restant du quinquennat?
"Le PS se veut la sentinelle populaire et le défricheur de progrès de la majorité. Il agira dans les deux domaines. C'est une première que le PS définisse sa politique, son orientation, avant que le gouvernement le fasse lui-même. Je crois que c'est une démarche saine parce qu'elle permet au PS de proposer, même si nous savons que le gouvernement, en dernière analyse, disposera. Mais, dans l'entre-temps, nous pouvons dialoguer, c'est le sens de la base de discussions que nous avons adoptée hier (lundi) et essayer de faire avancer les points de vue. Je préfère cette démarche contractuelle plutôt que celle qui dit qu'il faut renverser la table ou celle qui dit qu'il faut passer sous la table".
- Ces propositions sur le budget adoptées par le Bureau national du PS signifient-elles que les crispations du congrès du PS à Poitiers sont terminées?
"Il s'agit d'un texte de rassemblement qui définit la base de la discussion avec le gouvernement où il y a, à la fois, des éléments jugés positifs par la gauche du parti et la reconnaissance du Cice comme élément intangible de notre politique en direction des entreprises. Je pense que c'est un compromis honorable. Tout le monde a voulu montrer que si ce n'est une page qui se tourne, c'est tout du moins un nouveau climat qui s'annonce".
- Les régionales. L'union des forces de gauche s'annonce bien difficile...
"Je ne comprends pas que des socialistes et des écologistes, voire des communistes, qui ont travaillé plus de cinq ans ensemble, dans les collectivités locales, voté des budgets (...) partent en ordre dispersé à la bataille des régionales alors que la droite veut remettre en cause la totalité des projets progressistes adoptés en commun. Libre aux écologistes, aux communistes d'estimer que l'autonomie est plus efficace pour battre la droite que le rassemblement. Ce n'est pas notre avis. Mais là où c'est encore plus incompréhensible, ce sont dans les régions où il y a un risque de victoires du Front national (PACA et Nord-Pas-de-Calais/Picardie). Là, je demande que l'autonomie ne soit pas de mise mais le rassemblement. La gauche, les écologistes, ne peuvent pas prendre le risque d'être soit marginalisés, soit éliminés, soit de constater, les bras ballants, en faisant porter la responsabilité sur X ou Y que le FN l'emporte.
Il faut donc tout faire, au moins dans ces régions, pour qu'il y ait le rassemblement des gauches et des écologistes. En tous les cas, nous ferons tout et nous sommes prêts à cette alliance (...) Il y a une confusion car si les bases des partis politiques sont radicalisées, les électorats ne sont pas subordonnés à ces jeux d'appareil. Donc, je pense que l'orientation de ces formations visant à plaire à une base électorale souvent mélenchonisée est une erreur par rapport à un électorat qui, lui, est plus unitaire, plus réformiste et cherchant l'efficacité".
Propos recueillis par Pierre Glachant.