Meurtre de Saint-Flour (Cantal) : « J'ai pété un câble, j'ai déconnecté »
C’est une relation toxique de quatre ans qui a pris fin dans le sang, en octobre 2016, à Saint-Flour. Jean Flores comparait devant la cour d’assises du Cantal car il est accusé d’avoir tué sa compagne, Mélissa Mas, de plusieurs coups de couteau.
L’aveu est clair, limpide depuis son interpellation le 28 octobre 2016. Jean Flores, 29 ans alors, l’assume : c’est lui qui a tué sa compagne Mélissa Mas, 34 ans, de plusieurs coups de couteau à l’arrière de sa boutique sanfloraine, la veille.
Le soir du meurtre, il explique aux jurés que c’est elle qui saisit le couteau, après un énième conflit autour d’un verre de whisky. Elle voudrait regarder dans son portable, inquiète d’être trompée. Il la désarme mais : « Elle était dans une rage… C’est la peur qui m’a fait agir comme ça. J'ai pété un câble, j'ai déconnecté. J’avais le couteau dans la main, et je m’en suis servi, malheureusement. »
La scène de crime, à l’arrière de la boutique de l’accusée, est dure : Mélissa Mas est allongée, son corps portant dix-sept plaies à la tête et au tronc. Le visage est tailladé, l’un des coups de couteau a touché l’aorte, rendant tout secours impossible. Le jeudi 27 octobre 2016, juste après les faits, Jean Flores prend conseils auprès de son frère et de sa sœur. Cette dernière s’en va – elle dénoncera le crime le lendemain –, le premier reste. Le 28, plusieurs solutions sont envisagées pour se débarrasser du corps, sans succès : un trou dans les bois, près du viaduc de Garabit, une immersion dans le lac, ou l’incendie de la boutique. « J’avais décidé de cacher ma connerie », explique l’accusé. Les deux hommes sont finalement retrouvés ivres à Clermont quelques heures après la découverte du corps, resté sur place : ils s’étaient offert une « dernière soirée entre frères. »
Il avait expliqué à l’époque à son frère et sa soeur l’avoir tué parce qu’elle le trompait – ce qui n’est pas avéré : « J’ai menti. Je ne me souvenais de rien, je n’avais aucune explication à leur donner. » Les souvenirs sont revenus, « après dix jours d'incarcération. »
Couple toxiquePour l’entourage, depuis le début, le couple ne fonctionne pas : Jean Flores ne veut pas vivre avec elle, elle se sent délaissée. Les deux enchaînent les dérapages sur fond d’alcool, « deux à trois fois par mois. » En 2014, il lui casse une dent, est condamné. Alors depuis quatre ans, tout le monde leur dit de se séparer, pour de bon. Sans succès : ils se réconcilient toujours, jusqu’à l’irréparable.Une reconstitution a été organisée au cours de l'instruction.Mais il l’assure : il n’a jamais frappé le premier. La famille de l’accusé vient témoigner, se rappelle de coups de colère de la victime, « elle était incontrôlable quand elle buvait. J’ai dû intervenir plusieurs fois, explique sa sœur, en pleurs. J’aurais dû faire plus, avant que cela ne se produise… »
En face, les parties civiles notent que c’est Mélissa Mas qui a été vue, plusieurs fois, le visage marqué. Pas l’accusé. L’audience se durcit, Jean Flores rétorque, parfois avec véhémence, coupe le témoignage de son frère pour lui rappeler des faits de violences à son encontre dont il aurait été témoin. La cour d’assises a encore une journée pour étudier le dossier, le verdict est attendu ce vendredi 11 septembre, au soir.
Pierre Chambaud