Perpétuité requise à l'encontre du tueur en série Patrick Salameh
L'avocate générale a requis mercredi la réclusion criminelle à perpétuité assortie de la période de sureté maximale de vingt-deux ans contre Patrick Salameh, 58 ans, qualifié de "nuisible pour la société", pour l'enlèvement suivi de la mort de Fatima Saiah, une lycéenne marseillaise.
"Ce dossier est atypique par la disparition d'une petite jeune fille de 20 ans qui s'est volatilisée" le 7 mai 2008 à Marseille, a souligné la magistrate, Martine Assonion.
Détaillant l'ensemble des éléments d'enquête, elle a conclu que "la seule personne qui, potentiellement, a enlevé, séquestré Fatima Saiah avec une quasi-certitude de la mort de cette jeune femme, c'est cet individu".
S'adressant aux parents de la jeune fille, Mme Assonion s'est dite "meurtrie" : "Cette famille est arrivée à l'audience avec l'espérance que leur fille était cloîtrée comme on l'a vu en Autriche, aux Etats-Unis. Malheureusement, à l'aune des investigations, de l'implication formelle de Patrick Salameh, je pense que Fatima a connu un sort qu'on imagine sans difficulté".
L'avocate générale a décrit les diverses tentatives d'enlèvement ayant précédé celui de la victime : une jeune femme elle aussi recrutée pour du baby-sitting qui s'était désistée, puis une auto-stoppeuse, Laurie. "Il y a une montée en puissance du prédateur qui, à un moment donné, est en chasse, a expliqué Martine Assonion.
"Depuis le 22 avril (prise en stop de Laurie), il est en échec. Il est à la recherche d'une petite jeune fille appétissante. Comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, le 7 mai, c'est lui qui prend les choses en main et fixe le rendez-vous avec Fatima Saiah".
L'accusation repose sur "les témoignages cruciaux" d'une mendiante recrutée cinq euros pour trouver des candidates au baby-sitting, et de Laurie, l'auto-stoppeuse qui avait décliné trois rendez-vous en vue d'un job d'été. Les deux femmes ont formellement désigné Patrick Salameh.
L'avocate générale a dressé le portrait d'un homme qui, à sa sortie de prison fin 2006, "veut avoir une vie de parasite, avec une personnalité limite". "Egocentrique, centré sur sa personne, il n'a rien à faire des autres", a relevé Mme Assonion rappelant que lors de braquages commis à la fin des années 1980, il se transformait déjà en prédateur sexuel.
Les défenseurs de l'accusé, Mes Emmanuel Molina et Olivier Rosato, devaient réclamer, mardi après-midi, l'acquittement de Patrick Salameh. Il a été condamné l'an dernier à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans pour la disparition de trois prostituées et le viol d'une quatrième, et sera rejugé pour ces faits du 18 avril au 20 mai 2016 par la cour d'assises du Var.