Contexte social tendu chez Blédina à Brive où des salariés sont en grève pour de plus amples hausses de salaires
Depuis ce matin, lundi 30 janvier, une centaine de salariés du site de Blédina à Brive (Corrèze) sont en grève. Ils demandent de plus amples hausses de salaires que prévues dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO).
"Il y a beaucoup de sujets qui arrivent en même temps", pose David Boucherie, délégué syndical central CFDT, chez Blédina. Les grévistes peinent à se réchauffer autour des braseros du piquet de grève installé sur l'artère entre la voie ferré et la future usine Andros (ex-Euralis), menant au site, à l'ouest de Brive (Corrèze).
À l'appel des quatre organisations syndicales (CGT, CFDT, Unsa, FO), une centaine de salariés ont cessé le travail depuis 7 h 30, ce lundi 30 janvier. Les lignes de fabrication de petits pots pour bébé, de Blédichefs et autres bols étaient donc à l'arrêt, ce qui était déjà prévu dans le calendrier de production puisque les salariés étaient aujourd'hui invités aux vœux de l'entreprise.
Des hausses de salaires plus importantesAu chapitre des revendications : de plus amples hausses de salaires que prévues dans le cadre des négociations annuelles obligatoires (NAO). "La direction nous propose 5 % d'augmentation au 1er janvier 2023 et 0,3 % de rattrapage, car nous sommes moins payés que dans les autres sociétés du groupe Danone. L'ensemble des syndicats avait fait une proposition à 6,8 % d'augmentation", détaille Laurent Vinchon, délégué syndical central CGT.
Il assure que "c'est au niveau du groupe Danone que ça bloque". Et David Boucherie d'ajouter : "Ils n'ont pas compris que pour 1 % ils pouvaient acheter la paix sociale".
Au même moment, des mouvements sociaux sont aussi en cours sur les autres usines Blédina à Steenvoorde (Nord), où est fabriqué le lait infantile, et à Villefranche-sur-Saône (Rhône), spécialisé dans les céréales sèches.
Pour Laurent Vinchon, l'argument de la direction de dire "qu'un technicien agent de maîtrise (TAM) chez Blédina est payé 30 % de plus que le marché", ne tient pas. "Tout est fait de primes. Et ces primes ne comptent pas pour la retraite."
La réforme des retraitesLa réforme des retraites est un autre sujet d'inquiétudes parmi les salariés dont la moyenne d'âge tourne autour de 50 ans et la moyenne d'ancienneté autour de 20 ans. "La semaine dernière, lors de la journée de mobilisation (mardi 24 février, NDLR), la production était à l'arrêt", rappelle Xavier Viroulaud, délégué syndical FO.
"Travail en 3x8, travail de nuit, le bruit, le froid, la chaleur, le port de charges... Les conditions de travail s'améliorent, mais restent compliquées à 65 ans", glisse David Boucherie.
Baisse des volumesLes syndicats font aussi état d'une baisse des volumes inquiétantes. "On est à 38.000 tonnes de "baby food" par an, alors qu'on a une capacité de 100.000 tonnes", ajoute Xavier Viroulaud. "On réclame un climat social plus serein alors qu'on a déjà connu deux PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) depuis 2010 et qu'on est passé de 600 à 360 salariés."
Dans un communiqué, la direction de Danone écrit "c’est fort du dialogue social et de notre double projet (social et économique) que Danone a pris historiquement une avance considérable dans la protection et la reconnaissance de ses salariés, qui bénéficient d’avantages sociaux de premier plan (protection sociale, primes vacances, participation, intéressement, etc.). En fin d’année 2022, dans un contexte d’inflation et de hausse inédite des coûts de l’énergie qui pèse lourdement sur notre outil de production, nous avons acté l’augmentation des salaires de 5 % et la revalorisation pérenne de primes permettant une hausse significative du pouvoir d’achat de nos équipes, en s’attachant avant tout aux salaires les plus bas".
Emilie Auffret