Une jeunesse aurillacoise à accompagner et guider vers le haut niveau
En allant à Colomiers avec des Espoirs plutôt que des illusions, Aurillac a ramené quelques signes encourageants pour la suite. Ça ne doit pas faire oublier le revers, mais ça tempère le résultat. À l'image de Slamani qui a réussi son baptême, le potentiel est là, mais demande d'être accompagné et guidé sur la durée.
Titulaire à Colomiers, Jimmy Yobo n’est pas passé très loin de couronner son 200e match professionnel par un essai en fin de partie sur un coup de pied de Neisen. Dans le même temps, Medhi Slamani connaissait son baptême du feu. Et ce mélange entre expérience et jeunesse va être une des clés de la fin de saison cantalienne, alors qu’Aurillac doit oublier ses rêves de top 6.
« J’ai été à la place de Medhi. Quand j’ai attaqué, j’étais avec des mecs qui avaient déjà beaucoup joué : Mathieu (Lescure), Max (Petitjean), “Gratou” (Mickaël Gracia), je ne pourrais pas tous les citer », soulignait Jimmy Yobo après la partie :
« Beaucoup m'ont accompagné. C’est important parce qu’on est un petit club, on a besoin de ça, de joueurs qui se passent le flambeau, de joueurs qui sont vers la fin, d’autres qui attaquent. »
« Ce sont des moments gravés à vie. Je me rappellerai mon premier match avec Aurillac. 200 matches, c'est une vie de rugby, et je remercie tous les gens que je côtoie, de près ou de loin, c'est aussi grâce à eux que j’en suis là », souriait le Cantalien, à l’évocation de ce chiffre.
Une première sortie payante pour SlamaniLe sourire, Medhi Slamani pouvait aussi l’avoir, lui qui a dû prendre son mal en patience cette saison avant de débuter, mais qui n’a pas manqué le rendez-vous. « Je suis vraiment content. Le match était assez compliqué, c’est la première, le contexte était particulier, mais je m’en suis bien sorti, je crois », lâchait le 2e ligne.
Une fois qu'Aurillac a répondu dans le combat, la proposition dans le jeu a été plus conforme aux attentes et mêmes encourageante. Mais il manque encore au Stade de livrer un match complet et géré de bout en bout. ©PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI/MICHEL VIALA
On confirme. D'autant que le champion de France Espoirs n’est pas rentré dans un match lent, sans rythme et haché, bien au contraire. « La semaine dernière, j'ai joué avec les Espoirs et j’avais fait le match entier. Là j’ai l’impression que c’était trois fois plus dur », se marrait l’Aurillacois.
« Niveau cardio, ça a vraiment tapé et c’est autre chose en termes de courses, d’intensité, ça n’a strictement rien à voir. Avant le match j’étais stressé, parce que je voulais montrer ce dont je suis capable ».
Alors que le score était fait, et qu’il n’y avait pas cette pression de changer défavorablement le résultat par une erreur, Slamani a pu y aller sans arrière-pensée. « Entre guillemets ça m’a permis de me relâcher, de tout donner et de prendre du plaisir ».
Et le 2e ligne en a pris, en participant à remettre Aurillac dans l’avancée sur cette fin de rencontre, en compagnie de Moala, positionné en numéro 8, et Kiteau à droite. « Ce que j’ai pensé du match de Medhi?? Que du bien », déclarait Roméo Gontinéac après la partie, qui incluait la prestation du 2e ligne dans un ensemble ou des individualités ont pu se mettre en avant pour le bien du collectif.
Après avoir disputé tout le match en Espoirs contre Colomiers, Slamani a retrouvé cet adversaire en pro pour 25 minutes sur le jeu. "C'était trois fois plus dur", souligne le 2e ligne. Photo Jean-Paul Cohade
« C’était plaisant à voir, on a gagné tous les impacts sur ces vingt dernières minutes, on a joué en avançant avec une animation qui était aussi beaucoup plus propre. Même si on a manqué une ou deux fois de passer la ligne. Mais ces 25 dernières minutes sont valorisantes ».
L’entraîneur en chef n’occultait évidemment pas tout ce qui n’a pas fonctionné. Notamment cette absence de combat qui a plombé Aurillac dès son entrée dans la partie ou la mêlée.
Simeli Yabaki prend aussi date pour l'avenirMais, assez logiquement après un tel résultat, l’ancien international tenait à se projeter sur le positif à retirer de ce déplacement. Et il n’y avait pas que les petits jeunes à rentrer dans cette case. C’est notamment le cas de Simeli Yabaki, auteur d’un doublé qui récompense une grosse prestation de sa part. « J’ai toujours dit que je croyais en lui, rappelait Roméo Gontinéac. C’est un “slow developper”, mais à chaque fois, il franchit des étapes. J’espère que cette année le lancera pour de bon. Lui comme les jeunes ».
Des jeunes qui doivent profiter de cette fin de saison pour engranger du temps de jeu, mais aussi s’inscrire dans un collectif qui sera celui de l’an prochain avec des résultats à la clé. Car Aurillac ne peut pas se contenter de faire des six matches qu’il lui reste à disputer un laboratoire sans obligation de résultat. Du reste, le club doit s’assurer du maintien de son équipe Espoirs avant de piocher largement dans son vivier pour la fin de saison.
L'équation du maintien des Espoirs à résoudreCertains jeunes devraient ainsi descendre d’un cran, voire patienter encore pour faire leurs débuts, au moins ce week-end (déplacement à Grenoble) et fin avril (match à Narbonne, le 23) pour assurer les échéances décisives en Élite.
Pour les pros, le maintien peut être mathématiquement acté d'ici 15 jours après la réception d’Angoulême et le déplacement à Montauban. À condition de rester concentré et de relever la tête après deux revers de rang. « Je ne sais pas si on pourra aligner tous les jeunes la semaine prochaine. On a encore une semaine de feu qui nous attend. Une semaine commando », prévenait Roméo Gontinéac.
Jean-Paul Cohade