La maison de luxe Van Cleef & Arpels installe son site de production de bijoux dans le Puy-de-Dôme : 300 emplois à la clé

C’est le plus gros projet d’installation industrielle de cette année pour l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Et il concerne le Puy-de-Dôme et le bassin de Thiers. À horizon 2026, la maison de luxe Van Cleef & Arpels va transformer l’ex-usine Rexo, située à La Chauprillade, lieu-dit à cheval entre les communes de Thiers et Dorat, en un atelier de production de bijoux. Un site entièrement dédié à la joaillerie sera implanté dans la Drôme, à Romans-sur-Isère.

Depuis un an, Van Cleef & Arpels (contactée ce mardi n’a pas souhaité s’exprimer), les deux bassins de vie et l’Agence économique de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises ont travaillé de concert, "d’arrache-pied et dans la plus grande discrétion", pour voir ce projet économique d’envergure aboutir. "Nous avions même un nom de code, Pivoine, pour évoquer le dossier", dévoile Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.Le site de production de bijoux de la marque de luxe Van Cleef & Arpels se fera à la place de l’usine Rexo, fermée depuis 2012.

Van Cleef & Arpels, dans le Top 5 mondial des entreprises de bijouterie-joaillerie, n’avait, au départ, pas réellement ciblé l’Auvergne-Rhône-Alpes pour l’implantation de ses sites de production. "Lorsqu’ils sont venus nous voir, ils n’avaient rien de précis en tête. Un climat de confiance s’est très vite installé", partage Laurent Wauquiez. Renforçant ainsi l’objectif que s’est fixé la région : "Devenir la référence mondiale du haut de gamme."

La proposition de l’ancienne usine de métallurgie Rexo, entre Thiers et Dorat, a tout de suite retenu l’attention de la maison de luxe.

Le savoir-faire coutelier, le polissage et le travail des métaux ont été des atouts de taille.

Tony Bernard, président de la communauté de communes Thiers Dore et Montagne, dont dépend le site, ajoute : "L’héritage industriel du bâtiment, sa situation géographique exceptionnelle, avec le Parc naturel régional du Livradois-Forez, et le prix du foncier attractif, ont pesé dans la décision d’installation." Tout comme "l’offre culturelle, avec le Creux de l’Enfer, et les services de qualité que peut mettre en avant notre commune", précise Stéphane Rodier, maire de Thiers. Dans la Drôme, c’est la présence du lycée professionnel Amblard, à Valence, et ses formations sur les métiers de la bijouterie-joaillerie, qui ont fait la différence. 200 emplois vont être créés d’ici 2026 pour un investissement de 30 M€.

À La Chauprillade, l’activité devrait démarrer dès le mois de septembre avec un site pilote composé d’une vingtaine de salariés et de deux lignes de production. Pendant ce temps, le site de 6.500 m², sur un terrain vaste de 8 hectares, sera réhabilité pour une mise en service en 2026. Avec, à terme, 300 emplois de créés, pour un investissement de 25 M€, entièrement à la charge de l’entreprise. "Van Cleef & Arpels n’a demandé ni aides, ni subventions, et c’est tout à leur honneur", indique Laurent Wauquiez. Les recrutements sont déjà en cours.

Luxe : comment l'Auvergne est devenue la reine de la maroquinerie

La possibilité de réhabiliter un site existant, contre de la construction à Romans-sur-Isère, a aussi été un atout pour le bassin thiernois.

C’est une bonne chose, confie le président de Région. Au niveau de l’impact environnemental c’est mieux, et cela évite de laisser une friche. Cela a du sens. Nous avons fait le même choix pour Hermès avec la réhabilitation de la manufacture à Riom. Et symboliquement, cela montre que même un bâtiment fermé peut être rouvert.

Cette première collaboration très fructueuse entre l’entreprise Van Cleef & Arpels et la région pourrait ne pas être la dernière. "C’est une grande fierté pour nous d’être parti de zéro sur ce dossier, et d’en arriver là aujourd’hui", se félicite Laurent Wauquiez. Qui ne cache pas une ambition plus grande pour sa région en matière de développement du luxe. "Nous avons espoir que ce ne soit que le début. Nous savons que ce secteur est en grande croissance. S’il y a un nouveau projet, si nous sommes bons, il sera peut-être implanté chez nous. C’est le début d’une grande histoire", assure-t-il. 

Sarah Douvizy et Mathieu Verlaine