Xavier Badier, directeur de la sécurité publique en Creuse : "On doit combattre la délinquance avec la bonne intensité"
Le commissaire Xavier Badier, qui a pris officiellement ses fonctions le 12 mai dernier, se définit comme un homme porté par l’idée d’intérêt général dont le rôle est d’être le "chef d’orchestre" de la sécurité publique dans le département.
Grand, le regard clair, la démarche avenante. Dans les couloirs du commissariat en pleine rénovation, la silhouette de Xavier Badier se reconnaît facilement. Il semble déjà comme chez lui. Façon de parler, car par principe, un cadre de la police est chez lui à la fois partout et nulle part. Il sait qu’il est amené à bouger régulièrement, à "voir du pays" comme il l’avait glissé lors de sa prise de fonction officielle en tant que directeur départemental de la sécurité publique, le 12 mai dernier.
Le goût du service publicOriginaire des Yvelines, le quadragénaire a appris le "goût du service public" dans l’armée, lors d’un service militaire "un peu rallongé" effectué en Allemagne. Au départ, il n’était pas trop "déterminé" entre une carrière dans la gendarmerie et dans la police. Et si la gendarmerie lui a "mis le pied à l’étrier", il a rapidement préféré la police. "Je trouve le champ de la délinquance plus diversifié et donc plus intéressant." Il était aussi davantage attiré par un cadre de travail plus urbanisé.
Il a commencé par faire ses armes en tant que gardien de la paix en région parisienne (Mantes-la-Jolie, Rambouillet). Puis a travaillé dans l’est de la France dans les compagnies de CRS et en sécurité publique en tant qu’officier (Bourg-en-Bresse, Chalon-sur-Saône, Dijon, Reims). Avant de prendre pour la première fois les rênes d’un commissariat en 2021, à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire.
"Je suis un pur produit de la promotion interne", affirme-t-il. "Ce que je veux dire, c’est que j’ai passé tous les concours en interne : gardien de la paix, le concours d’officier et celui de commissaire." Et le directeur continue de la promouvoir auprès de ses hommes. "En plus, en ce moment, il y a pas mal d’opportunités avec beaucoup de départs à la retraite et donc beaucoup de places ouvertes." Il se félicite justement qu’un agent du commissariat de Guéret vienne de réussir le concours d’officier.
De la bonne intensitéAprès deux années d’expérience en tant que commissaire, comment voit-il son poste?? "C’est un peu comme prendre la place de chef d’orchestre, ou d’expert en matière de sécurité publique. Vous savez, j’ai ce côté très généraliste. Le métier de policier, ce sont des échanges avec le judiciaire, avec l’administration."
"Un des grands intérêts du métier de policier, c’est d’avoir affaire à tout le monde."
Avant de prendre ses fonctions, il a rencontré les autorités préfectorales et judiciaires : la préfète de la Creuse, Anne Frackowiak-Jacobs et la procureure de la République de la Creuse, Alexandra Pethieu. Il a déjà beaucoup de contacts "avec les gendarmes, les pompiers, la pénitentiaire, la mairie". Et devrait accroître progressivement son réseau.
Rapprochement avec la populationEn Creuse, Xavier Badier espère apporter une « plus-value en tant que directeur ».
"On est dans une période de demande de rapprochement avec la population. Donc, il y a plein de choses possibles. La police n’est pas une institution fermée ou en tout cas n’a pas vocation à le rester. Trop souvent, les gens se demandent “que fait la police??”. Mais elle fait beaucoup plus que ce qu’on croit."
Il déroule un peu plus sa vision du maintien de l’ordre. "Ce n’est pas mon rôle de faire de l’angélisme, ni du catastrophisme. On doit combattre la délinquance avec la bonne intensité. Le but, c’est qu’il y en ait le moins possible. On ne pourra jamais atteindre la délinquance zéro. Mais c’est l’objectif malgré tout. Un acte de délinquance, c’est un acte de trop."
Il veut être vigilant sur ce qu’il appelle "les signaux faibles de délinquance", pour éviter que certains phénomènes plus urbains ne débarquent en Creuse.
Partisan de la technologieEt si pour lui certaines "vielles recettes" ont toujours leur place dans l’arsenal policier, comme une présence régulière sur la voie publique, il compte bien utiliser tous les nouveaux moyens mis à disposition de la police pour mener à bien ses missions. Comme le déploiement de drones sur les événements. Plus généralement, il se montre très favorable à l’utilisation de la "tech", comme il l’appelle, pour certaines enquêtes. "Il faut sortir du schéma des enquêtes qui prenaient beaucoup de temps. À moi d’importer de nouvelles méthodes. Les technologies, il ne faut pas les utiliser bêtement. Mais il faut les utiliser pour pouvoir les améliorer."
L’entretien touche à sa fin. Le commissaire doit annuler une réunion pour se rendre sur les lieux d’un fait divers. Que peut-on lui souhaiter dans ses missions?? "Pas de blessés?! C’est ce qu’on souhaite avant tout lors des interventions", répond le commissaire.
Daniel Lauret daniel.lauret@centrefrance.com