Interpellé près d'un point de deal, à Clermont-Ferrand, avec 1.250 euros sur lui, il est finalement... blanchi

Interpellé, le 19 mai, à proximité d’un point de deal du quartier de La Gauthière, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), avec une forte somme d'argent sur lui, un jeune homme devait notamment répondre de « blanchiment », ce mercredi, devant le tribunal correctionnel. Qui l’a relaxé.

Le 19 mai dernier, vers 20 h 30, c’est une scène quasi quotidienne qui se déroule rue de Le Grande-Combaude, point de deal archiconnu du quartier clermontois de La Gauthière.

Des policiers de la brigade anticriminalité tentent de contrôler plusieurs individus présents autour de ce haut lieu du trafic de stups, provoquant la fuite de deux d’entre eux. L’un saute sur une trottinette et ne sera pas rattrapé.

Le second, un jeune homme de 18 ans qui n’est pourtant pas censé se trouver dans la capitale auvergnate (1), part à toutes jambes. Il est finalement interpellé rue des Trioux, non sans s’être débarrassé dans sa fuite d’une liasse de billets de banque.

Alors qu’il vient d’être conduit au commissariat central pour y être placé en garde à vue, les policiers découvrent, cachée dans son dos, sous une ceinture, une nouvelle somme d’argent. Au total, 1.250 euros seront saisis.

Face au tribunal correctionnel, devant lequel il était jugé (libre), ce mercredi, en renvoi de comparution immédiate, notamment pour "blanchiment" (2), il a soutenu que ce petit pactole provenait, pour une partie, de gains à des paris sportifs, et d’autre part, d’un don de l’une de ses sœurs.

"Si cet argent n’avait pas d’origine douteuse, pourquoi vous être enfui à la vue de la police et avoir jeté ces billets dans la rue ?", l’interroge la procureure de la République, Françoise Chadefaux-Gallay.

"Je sais comment ça se passe, réplique le prévenu. Quand les policiers vous trouvent comme ça avec de l’argent liquide, ils vous mettent tout de suite une non-justification de ressources sur le dos…".

"En matière de blanchiment, c’est au mis en cause de prouver l’origine licite de l’argent, a poursuivi la représentante du ministère public lors de ses réquisitions. Or, dans ce dossier, contrairement à ce qu’il nous dit, et qui n’est pas vérifiable, la provenance de cet argent est plus que suspecte".

Elle a requis douze mois de détention, dont huit assortis d’un sursis probatoire pendant dix-huit mois, demandant que la partie ferme de la peine fasse l’objet d’un aménagement.

"Rien ne va dans cette procédure complètement farfelue, a ensuite martelé Me Clémence Marcelot en défense. Et retenir le blanchiment à l’encontre de mon client est aussi bancal que si l’on avait retenu la non-justification de ressources !".

Elle a plaidé une relaxe, qui a été accordée par le tribunal. Le jeune homme, finalement blanchi, pourra donc récupérer ses 1.250 euros…

Christian Lefèvre

(1) Il est actuellement placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de paraître à Clermont-Ferrand, dans le cadre d’une affaire criminelle en cours d’instruction.

(2) « Concours à une opération de placement, dissimulation ou conversion du produit d’un délit de trafic de stupéfiants ».