Données personnelles, rappels de produits, erreurs sur les prix... L'UFC-Que Choisir déplore la fin du ticket de caisse

C'est une nouvelle habitude à prendre. Quand vous faites vos courses au supermarché, l'hôte ou l'hôtesse de caisse n'est plus tenu de vous proposer le ticket de caisse. C'est à vous de le demander en format papier ou par voie électronique.

L'UFC - Que Choisir Clermont, par la voix de son président, Daniel Bideau, déplore l'inversion du processus, estime que "le ticket de caisse reste une preuve d'achat très importante" et affirme que l'objectif de la mesure, "c'est bien qu'on oublie son ticket de caisse".

Il voit dans cette mesure, entrée en vigueur dans le cadre de la loi "Antigaspillage pour une économie circulaire (Agec)", une mise en difficulté "des personnes qui n'ont pas internet, qui sont réfractaires à l'informatique ou qui ne possèdent pas de smartphone" et pointe l'impossibilité de faire remarquer une erreur sans preuve d'achat. "Il peut exister un écart de prix entre l'affichage en rayon et l'enregistrement en caisse. Cela arrive très souvent et ce n'est jamais, ou très rarement, au bénéfice du client."

Se pose également la question de l'utilisation des données personnelles du client. "La transmission par SMS ou par mail du ticket de caisse au client reste à l'initiative des professionnels, pointe Daniel Bideau. Mais, dans la plupart des cas, le professionnel a tout intérêt à avoir le mail ou le numéro du consommateur pour faire sa publicité. C'est un moyen d'accéder aux données personnelles d'un consommateur, bien qu'ils s'en défendent. C'est aussi valable pour les cartes de fidélité mais, là, vous choisissez de l'avoir ou non."

S'il reconnaît que la dimension environnementale mise en avant par le gouvernement pour défendre la mesure est "compréhensible", Daniel Bideau l'affirme :

"Entre l'intérêt pour le consommateur d'avoir cette preuve d'achat et l'intérêt environnemental, je choisis l'intérêt du consommateur."

"Nous savons très bien que sans preuve d'achat, ils ne peuvent pas obtenir satisfaction devant un commerçant", complète-t-il.

Le président de l'UFC - Que Choisir Clermont dénonce aussi la difficulté que risquent de rencontrer les consommateurs face à un rappel de produits. "C'est un vrai problème. Si un produit est mis au rappel parce qu'il est défectueux ou qu'il présente un risque pour la santé, vous n'aurez pas la preuve que vous l'avez acheté dans le magasin." Ainsi Daniel Bideau conseille-t-il, surtout pour ceux qui ont opté pour un débit différé, de "faire imprimer systématiquement son ticket quand l'achat nécessite une éventuelle vérification" et de le conserver jusqu'au débit sur son compte bancaire ou jusqu'à ce que les produits soient consommés.

Par ailleurs, alors que le gouvernement avait repoussé la date de l'entrée en vigueur de la mesure à deux reprises en raison de l'inflation, le cabinet de la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, a fini par confirmer la date du 1er août car, "depuis plusieurs semaines, on observe un reflux de l'inflation". C'est faux, selon l'UFC - Que Choisir, qui dispose de son propre outil de calcul de l'inflation.

"Nous pensons que nous ne sommes pas dans une période de baisse des prix, contrairement à ce que dit le gouvernement. On est dans une période où le pouvoir d'achat des consommateurs est en difficulté. À partir de là, il faut être extrêmement vigilant sur les prix et, pour les vérifier, rien de mieux qu'un ticket de caisse !"

Inflation en juin 2023 selon l'UFC - Que Choisir : + 6,2 % contre + 7 % en mai. Dont alimentaire : + 18 % contre + 19 % en mai. Inflation en juin 2023 selon l'Insee : + 5,7 % contre + 5,8 % en mai. Dont alimentaire : + 13,7 % contre + 14,3 % en mai.

Pauline Mareix