A l'occasion de la sortie de son dernier album, A.M.O.U.R, Calogero se confie : "J'ai été victime de harcèlement scolaire"
Finalement, l'amour n'a pas dit son dernier mot. Calogero le décline avec subtilité et énergie dans son nouvel album éponyme. Entre balades rythmées et sonorités rock, entre légèreté et moments intimes, on est touché en plein cœur. Une partition d'émotions qui n'empêche pas de vagabonder vers d'autres champs sociétaux.
Dites-vous souvent : "Je t'aime" ?
Non... qu’à mes enfants ! Je pense qu’on n’a pas besoin de le dire souvent, on le sent quand les gens vous aiment.
Généreux, intime, joyeux, mélancolique, A.M.O.U.R. est-il votre album le plus personnel ?
Je parle de sentiments, mais aussi d’autres choses, plus sociétales. Je n’aime pas trop les albums à thèmes, j’aime que ce soit éclectique. Le jour où je ferai un opéra rock, j'aimerais que les chansons vivent indépendamment les unes les autres. Le côté concept m'ennuie un peu. A.M.O.U.R. parle de l'amour, mais pas de manière lisse. Cela dit que l'amour peut durer deux jours, deux ans, toute la vie. Il y a aussi toutes formes d'amour. D'autres chansons comme Derrière la fenêtre parle de mes origines à Échirolles, La nuit n'est jamais noire ne parle pas du tout d'amour, etc. Je ne veux pas m'enfermer !
Ce qui est sûr, c'est que le manque d'amour pendant notre enfance peut nous détruire pour le restant de nos jours
Dans le titre éponyme de l'album, vous dites : "L'amour, c'est tout ce qu'on nous apprend à l'envers". On n'aurait donc pas utilisé le bon mode d'emploi ?
Je ne donne aucune leçon, l'amour étant déjà pour moi-même la chose la plus mystérieuse. J'en ai une vision romantique. Quand vous êtes parents, vous aimez vos enfants d'une manière infinie. Mais, sans le vouloir, par rapport à votre éducation et votre propre histoire, vous pouvez transmettre des cadeaux d'amour un peu empoisonnés. Sans le vouloir. Ce qui est sûr, c'est que le manque d'amour pendant notre enfance peut nous détruire pour le restant de nos jours. Après, il faut reconstruire.
Cet album est-il une réponse à ce monde où l'on parle plus volontiers de violences, de guerre, de haine... que d'amour ?
Nous vivons dans un environnement très anxiogène, en partie dû aux chaînes d'informations en continu. On se croirait dans une série interminable, dramatique. Je pense que les gens vivent mieux et se respectent mieux qu'on pense. Oui, le monde va mal, mais est-ce que ce n'était pas déjà le cas avant ? Sauf qu'on ne voyait pas et qu'on n'entendait pas tout.
"Je ne donne aucune leçon, l'amour étant déjà pour moi-même la chose la plus mystérieuse. J'en ai une vision romantique. "Photos Marcel Hartmann.Finalement, vous rejoignez Claude Lelouch lorsqu'il dit : "L'amour, c'est mieux que la vie"
L'amour va avec la vie. L'un ne va pas sans l'autre. La vie sans l'amour est d'une grande tristesse, mais rien n'est simple. Je pose pas mal de questions sur le sujet dans mon album, notamment dans Dénouement heureux. Au départ, on croit que c'est une chanson triste avec ces phrases : "Est-ce que je peux changer le destin des gens qui s'aiment bien ? Il semblerait même si on fait de notre mieux il n'y a pas de dénouement heureux." Mais à la fin, je dis : "Est-ce qu'on peut passer pour des fous si on se tient la main ? Alors que c'est fini depuis longtemps nous deux. On l'écrirait ensemble ce dénouement heureux." En fait, il y a des chansons qui veulent revoir la lecture classique de l'amour. Je veux réinventer les choses. C'est très important de se dire que, chanson après chanson, on revoit le modèle traditionnel de l'amour.
Par exemple ?
Les gens qui continuent à s'aimer, même après une séparation. Ceux aussi qui s'aiment malgré la distance qui les sépare.
Il y a encore un trop grand décalage entre la frilosité des maisons de disques qui manquent de folie et les jeunes ont beaucoup de talents.
L'une des pépites est Hall des départs, en duo avec Marie Poullain, qui a écrit le texte. Comment est née cette rencontre ?
C'est une personne incroyable : à 26 ans, elle est d'une étonnante maturité. Quand j'ai écouté sa voix de garçonne pour la première fois, j'ai été étonnée par cette manière de dire les mots. Je me suis dit : "Ce serait génial de collaborer ensemble". Et en très peu de temps, on a fait deux chansons, Le hall des départs et Cache-cache. Puis Dénouement heureux est venu après. Cela me fait plaisir de présenter quelqu'un de nouveau, de faire découvrir au public un nouveau talent.
Ce coup de pouce aux jeunes talents vient en écho de vos déclarations martelées lors des dernières Victoires de la musique...
Il y a encore un trop grand décalage entre la frilosité des maisons de disques qui manquent de folie et les jeunes ont beaucoup de talents. Ayant tous leur studio à domicile, dans leur chambre, ils peuvent s'exprimer librement. C'est très important. Ce serait génial que les maisons de disques soient attentives à eux.
Vous mêlez souvent rythmiques rock et sonorités plus classiques, lyriques même. Vive le métissage !
C'est exactement ça ! Il y a cette volonté de mélanger les choses et, surtout, de rester ouvert. La notion d'ouverture est essentielle lorsque je crée. Je suis attaché à rester alerte." Il y a encore un trop grand décalage entre la frilosité des maisons de disques qui manquent de folie et les jeunes qui ont beaucoup de talents."Qui est cette Marie que vous chantez ? Votre premier émoi amoureux ou la simple anagramme du mot amour ?
C'est d'abord le prénom de ma grand-mère et c'est grâce à elle que je porte mon nom. Car à l'époque, les Calogero, d'origine italienne, se faisaient appeler Charlie pour faire plus français... Ma mère voulait "faire moderne" en m'appelant Charlie. Mais ma grand-mère lui a dit : "C'est hors de question, tu l'appelleras comme ton père !" C'est donc grâce à ma grand-mère que je m'appelle Calogero. C'est vrai aussi que j'ai rencontré d'autres Marie importantes dans ma vie.
Une chanson d'amour que vous auriez aimé chanter ?
Une sorte d'église de Daran. Mais ma plus belle chanson d'amour est dans mon nouvel album, c'est Rien comme les autres.
"Le directeur de l'école avait dit à ma mère : "Il ne fera jamais rien de sa vie"... "On vous a découvert comédien dans Respire, le 12 septembre sur M6. Vous campiez un prof de musique confrontée à la question du harcèlement scolaire d'une élève. Cela résonne de façon particulière chez vous ?
Je l'ai vécu aussi. J'étais en échec scolaire et j'ai subi trois fois des actes de harcèlement scolaire. Je me suis fait frapper par des gars qui me prenaient pour un punchingball. Comme j'étais le dernier de la classe, le directeur de l'école avait dit à ma mère : "Il ne fera jamais rien de sa vie"... Alors, jouer un prof de musique m'a beaucoup motivé. D'autant que le réalisateur, Jérôme Cornuaux, est excellent, il m'a beaucoup mis en confiance.
Envie de revenir devant la caméra ?
Si c'est un réalisateur qui me mettra en confiance. Pas juste faire pour le faire.
Sinon, que pourriez-vous faire par amour ?
Je n'ai pas de réponse immédiate. J'ai déjà fait des tas de choses par amour !
Cette tournée, ce sera un beau cadeau d'amour ?
Entre le public et moi-même, c'est une vraie histoire d'amour, d'amitié et de rendez-vous. J'ai tellement envie d'aller sur scène, c'est là où je m'exprime aussi naturellement.
A.M.O.U.R. Calogero (Barclay).
Tournée : 17 janvier à Lyon-Arena ; 18 janvier, Saint-Etienne (Zénith) ; 19 janvier, Clermont-Ferrand-Zénith ; 20 janvier, Montpellier Arena; 25 janvier, Bordeaux-Arkéa Arena ; 1er février, Rouen; 9 mars, Nanterre Paris La défense Aréna ; 15 mars, Châteauroux-Mach 36 ; 16 mars, Poitiers Arena ; 23 mars, Tours-Parc expo... Toutes les dates sur les plateformes de réservations habituelles.
Olivier Bohin