"Tu vois le match, tout simplement" : le Clermont Foot propose une expérience inédite à six personnes malvoyantes
Lors du match de football Clermont Foot 63 / OGC Nice, le 27 octobre, six personnes malvoyantes ont porté le casque GiveVision. Une première en Ligue 1 Uber Eats.
"Tu vois le match, tout simplement", résume Paul, quelques minutes après le coup de sifflet final. Ce supporter malvoyant du Clermont Foot, atteint d’un rétinoschisis juvénile, a suivi la rencontre entre Clermont et l'OGC Nice, vendredi 27 octobre, avec le casque de GiveVision.
"Cet outil améliore leur vision et leur permet de suivre le match de leurs propres yeux", expose la cofondatrice de GiveVision, Élodie Draperi. "On peut zoomer au fur et à mesure jusqu’à vraiment voir le joueur même s’il se trouve à l’autre bout du terrain", décrit Paul.
Un moment uniqueEn plus du casque, ces déficients visuels manipulent une manette. Celle-ci leur permet de zoomer, de se déplacer, de changer le contraste et de passer sur le flux télévisuel. Un appareil instinctif pour Baptiste et Quentin, âgés de 12 et 15 ans et touchés par une dystrophie rétinienne synonyme d’une baisse progressive de la vision.
Depuis les gradins, ils ne voient pas le ballon et distinguent les équipes aux couleurs des maillots. Quentin l'avoue :
Quand on va au stade, c’est pour l’ambiance. On ne regarde pas trop le match.
"Pour moi, si tout le monde est content, ça veut dire qu’il y a un but et, du coup, je suis content", ajoute Baptiste qui a pris l’habitude de découvrir les buts le lendemain sur sa télévision.
Toutefois, ce vendredi soir, les deux garçons ont savouré chaque minute du match tout en profitant de l’ambiance. "On a l’impression d’être plus près du terrain, c’est trop cool", évoque Baptiste qui voudrait bien retenter l’expérience avec, cette fois-ci, une victoire du Clermont Foot au bout.
"C’est dommage, en seconde mi-temps, on méritait d’égaliser", analyse le garçon de 12 ans suite à la défaite face à Nice sur la plus petite des marges (0-1).
Clermont Foot, l’évidenceCette première en Ligue 1 Uber Eats sonne comme une réussite pour Élodie Draperi. "Le Clermont Foot s’est montré intéressé et sensible au sujet. Ils sont déjà très investis sur ces questions, la mise en place était donc facilitée", savoure la cofondatrice de GiveVision. Elle a aussi pu s’appuyer sur la Ligue Professionnelle de Football (LFP) pour faire le lien avec le club.
"Le Clermont Foot?? C’était une évidence, même si ce système reste nouveau pour eux et que des choses sont à améliorer. Ils ont fait partie des premiers clubs auxquels on a pensé", assure Arnot Guehuele, chargé de mission à l’accessibilité et à l’inclusion pour la LFP.
Maintenant, GiveVision espère s’entendre avec des clubs afin de développer cette assistance sur le long terme dans les stades, voire aux JO 2024.
Félix Mouraille