Toujours en colère, les agriculteurs maintiennent le barrage de Clermont-Ferrand "au moins jusqu'à samedi midi"
Les agriculteurs puydômois mobilisés depuis trois jours sur l'A71, à Clermont-Ferrand, ont exprimé "une totale déception sur le fond et sur la forme" après avoir écouté le discours du Premier ministre, Gabriel Attal. Ils restent sur place "au moins jusqu'à samedi midi" et se disent résolus à "maintenir la mobilisation, peut-être avec un break ce week-end".
Si le discours du Premier ministre, ce vendredi 26 janvier, a été suivi d'applaudissements sur place, en Occitanie, cela n'a vraiment pas été le cas sur le barrage de l'A71, à Clermont-Ferrand, où cent cinquante agriculteurs mobilisés depuis trois jours s'étaient réunis autour du brasero et de la grosse enceinte qui diffusait son intervention ! Pas de huées non plus, mais une défiance extrême et des réactions globalement très négatives. "Vous voulez mon avis ? C'est qu'avec un discours comme ça, c'est parti pour durer ! Et que des collègues vont même nous rejoindre" affirme un céréalier de la plaine. "Du vent, rien que du vent", "des paroles creuses, beaucoup de blabla pour ne rien dire, ça brode, ça brode", "la montagne qui accouche d'une souris" égrènent les autres, prenant les paris : "vous cherchez quelqu'un qui ait été convaincu par cette allocution ? Eh bien, vous serez encore là demain matin ! Il parle de tout sauf de l'essentiel, sauf de ce qui nous intéresse, rien de concret. Il ne semble pas avoir pris la mesure de la gravité de la situation".
Ce n'est pas vraiment qu'il n'y avait "rien de concret", c'est que la crise, profonde, est (aussi) une crise de confiance. Que les mots du Premier ministre sont visiblement tombés à plat sur le barrage clermontois. " Je dirais même qu'il a mis plus d'huile que d'eau sur les flammes, y compris au sujet du GNR car ce qu'il annonce n'est pas du tout ce qu'on veut " estime un agriculteur "actif depuis 1992 sur des manifs, sans avoir jamais vu une mobilisation comme celle-ci partout en France".
"Une déception complète, fond et forme"Sabine Tholoniat, la présidente de la FDSEA, David Chauve, président de la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme, Nicolas Chatard, président des Jeunes agriculteurs 63, sont intervenus à 20 heures, après le message d'Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, au journal télévisé. Ils ont exprimé "une extrême déception" et ont appelé au maintien de la mobilisation, très applaudis par l'assistance : "sur l'eau, rien ; sur la grande distribution, rien ; sur les prix, pas grand-chose... Un petit saupoudrage et rien de plus,.. Et sur l'élevage, même pas le moindre mot, c'est inadmissible".
Ils ont évoqué aussi le projet d'une marche blanche à Clermont-Ferrand, ce samedi après-midi, en hommage à l'agricultrice et sa fille tuées sur un barrage, dans l'Ariège, mais sans précision supplémentaire. Un point sur la suite à donner au mouvement sera fait dans la journée de samedi.
Le barrage de Saint-Julien-Puy-Lavèze est levéLe barrage, qui avait été installé sur l'A89 dans la commune de Saint-Julien-Puy-Lavèze, ce vendredi matin, à l'initiative du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), a été levé vers 18 heures. Sa présidente départementale, Angélique Thiallier, qui n'a pas non plus éte convaincue par les "mesures" annoncées par le Premier ministre, avait souhaité cette mobilisation symbolique "aussi pour tracter et nous faire connaître".
Laurence Coupérier