En stage au Kenya, Alexis Phelut et Bastien Augusto racontent l'émoi provoqué par le décès de Kelvin Kiptum
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Tous les deux sont au Kenya pour préparer les Jeux olympiques. Alexis Phelut et Bastien Augusto racontent comment le pays où le demi-fond est roi a vécu le décès accidentel, dimanche soir, de Kelvin Kiptum, 24 ans et recordman du monde du marathon.
Pour comprendre l’émoi du peuple kenyan suite au décès, dimanche soir, dans un accident de la route de Kelvin Kiptum, il faut prendre conscience de ce que le demi-fond représente sur cette terre. Présents dans ce pays d’Afrique de l’Est pour préparer les Jeux olympiques de Paris, les demi-fondeurs Alexis Phelut et Bastien Augusto parlent d’un pays où « l’athlétisme est le sport roi ».
Des coureurs par centaines et du monde entier« Ici, quand on sort entre 6 heures et 6 h 30 du matin, on croise des centaines de coureurs, explique le Clermontois Alexis Phelut. Il y a plein de groupes. J’ai fait des footings où, sans exagérer, il y a 150 personnes au départ. Je pense qu’il n’y a pas d’autres endroits dans le monde où il y a d’aussi gros groupes. »
Le Limougeaud d’origine et Berruyer d’adoption Bastien Augusto est basé dans un centre spécialement dédié pour accueillir des athlètes. « Il y a des gens de tous les pays, décrit-il. Et surtout, 90 % d’amateurs. Certains valent 5 heures au marathon, mais viennent à l’autre bout du monde pour le plaisir, parce que c’est quelque chose à faire quand on aime courir. Il y a des coureurs toute la journée et des parcours à l’infini. C’est La Mecque de la course à pied. »
Ici, c’est le sport roi et le marathon est la distance reine, donc forcément, c'était la star du moment.
Et dans La Mecque de la course à pied, toutes les grosses compétitions sont retransmises à la télé et les gens se réunissent dans des bars pour les regarder. Parfois des écrans géants sont même installés. « Lors du marathon où Kiptum a battu le record du monde, toutes les télés montraient la course », se remémore Jean-François Pontier, l’entraîneur d’Alexis Phelut, amoureux du Kenya.
Le 8 octobre 2023, à Boston (États-Unis), Kelvin Kiptum avait couru le marathon en 2 h 00’35, battant de 34 secondes le record du monde de la légende Eliud Kipchoge. À 24 ans, avec un deuxième semi-marathon supersonique, en 59’47. Un an après s’être révélé à Valence (Espagne), il devenait une super-star et le favori du marathon des Jeux olympiques de Paris.
Tous comparent Kelvin Kiptum à Kylian Mbappé« Ici, c’est le sport roi et le marathon est la distance reine, donc forcément, c'était la star du moment », résume Alexis Phelut. « Il était venu ici, à Iten, après son record du monde, raconte Jean-François Pontier. Il avait défilé dans les rues, avec une voiture décapotable. Tout le monde l’acclamait. Il faut imaginer ça comme si Mbappé avait marqué en finale de la Coupe du monde et défilait dans les jours qui suivent. »
Le parallèle avec Mbappé fait l’unanimité. Et si Kiptum a l’aura de Mbappé, Kipchoge, lui, a celle de Zidane. « Les gens s’identifiaient encore un peu plus à Kipchoge, c’est lié à la longévité de sa carrière, constate Phelut. Mais Kiptum, ça parle à tout le monde. » « Et pas qu’au Kenya, complète Augusto. En France, dans l’athlétisme, son nom revient régulièrement. Ce qu’il a fait est monstrueux. Il avait tout pour passer sous les 2 heures à Rotterdam (où il devait s’aligner dans deux mois, ndlr). »
Cet accident de la route qui lui a coûté la vie, ainsi que celle de son coach, le Rwandais Gervais Hakizimana, l’a empêché d’avoir ce rendez-vous avec l’histoire. Et tout un pays pleure ce coureur, qui « comme toutes les stars kenyanes, avait su rester très accessible », dixit Jean-François Pontier. « Aujourd’hui, il y avait moins de monde dehors, à courir, remarque Augusto. Je pense que beaucoup de monde a été touché. » Ce que confirme Pontier : « Dès cinq heures du matin, j’ai reçu des messages. Même en discutant avec des personnes qui n’ont rien à voir avec l’athlé, tout le monde ne me parlait que de ça. »
Ludovic Aurégan