Cette couturière anime des ateliers écoresponsables pour les élèves creusois
Jacqueline Peigney, couturière creusoise, passe dans les établissements scolaires pour sensibiliser et développer la dextérité des élèves.
Ce jeudi après-midi, c'est Ross, le chien d’assistance du collège d’Ahun, qui a joué les mannequins. Mais en mai, ce sera au tour des élèves de la classe Ulis de se pavaner en défilé. Depuis le début du mois de janvier, ils reçoivent la visite de la couturière Jacqueline Peigney pour apprendre à réparer et transformer des tissus. Et elle amène chaque fois de grands sacs de vêtements dans la salle de classe, tous de seconde main.
Travailler le tissu, travailler sa confiance« Je suis arrivée à la soixantaine et j’ai pensé à la transmission », retrace Jacqueline Peigney. Installée au Donzeil, elle récupère des vêtements aux Restos du Cœur et par ses connaissances afin d’allier développement durable et créativité. Enseigner cette pratique a des atouts pour les jeunes : « Ça leur permet de découvrir leurs goûts, leurs styles et de travailler la motricité ». Serviette de table, cotons démaquillants, pochette à lunettes... Les 13 collégiens de la classe Ulis, séparés en deux groupes, « se rendent compte qu’ils ont deux mains et qu’ils peuvent faire pleins de choses avec ».
Mathis s’applique sur un bob devant sa mère venue le chercher. « J’aime bien coudre, ça détend », marmonne-t-il, même s’il avoue ne pas trouver la pratique si facile. Chez lui, il crée déjà divers objets comme une lampe en bois réalisée à partir d’un ballon de baudruche. « On fait plein de choses créatives, en suivant des vidéos », témoigne la maman du garçon.
Ross joue les modèlesClara, elle, a eu l’occasion de coudre, petite avec sa grand-mère. Elle est bien contente de pouvoir reprendre et en a profité pour faire cadeau du bob confectionné à sa famille d’accueil. La collégienne a finalisé sa tenue pour le défilé en mai avec un pantalon devenu jupe-short sous ses doigts de fée.
Pour Jacqueline Peigney, ce genre d’activité représente une façon d’aider les jeunes à prendre confiance en eux. Et l’enseignante du dispositif Ulis, Chloé Boudet, apprécie sa patience et l’impact positif que l’atelier a sur ce groupe. « Ils ne sont jamais tous ensemble sur un même projet, alors ça les soude et les motive. Ils persévèrent plus et leur concentration s’améliore. »
Prochainement, ils s’attaqueront au « tie and dye », technique de teinture par nouage. Ils pourront aussi assister en complément à une initiation à la sérigraphie grâce à l’Atelier Les Michelines de Felletin. Histoire de « pouvoir se débrouiller » face à des vêtements moins à leurs goûts. L’intervenante aurait aimé avoir un peu plus de matériel sur place car le groupe de six élèves doit faire tourner la seule machine à coudre du collège.
En tout cette année, Jacqueline Peigney s’occupe de quatre groupes différents avec les élèves d’Ulis et le club « écopatrouille » du collège d’Ahun, les collégiens en 3e Segpa du collège de Bourganeuf et les écoliers de Saint-Georges-la-Pouge. Sur l’année scolaire 2022-2023, la première du projet, la couturière est passée voir les élèves de classe Ulis et de 4e Segpa au collège Martin-Nadaud à Guéret et le club “écopatrouille” du collège Claude-Chabrol à Ahun.
Pour les plus petits, on adapte les techniques mais même les maternelles auront l’occasion de participer à la création d’un tapis d’éveil. Ces tapis sont des espaces de découvertes avec des tissus de différentes matières et couleurs, sans oublier le fonctionnement : scratch, bouton, pression, fermeture éclair...
« Au début, je ne m’attendais pas à ce que les élèves soient enthousiastes à ce point. Deux se sont fait offrir des machines à coudre », savoure Jacqueline Peigney. À ses yeux, les jeunes sont demandeurs de projets ambitieux dans lesquels ils se sentent investis. Et le fait de finir sur un défilé et une exposition leur permet de prendre des responsabilités pour l’organisation de l’événement.
Charlotte Mathiot