Les séquelles "glaçantes" d'un inceste devant le tribunal de Clermont-Ferrand
![Les séquelles](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/faits-divers-illustration-tribunal-justice-cours-police-cond_6727882.jpeg)
Au bout de quelques années, la victime a pu briser le silence. Son père a été condamné à deux ans de prison ferme pour l'avoir agressée sexuellement et avoir aussi abusé de la petite amie de son frère.
C’est l’histoire d’une souffrance enfouie durant de longues années. La révélation d’une peur profonde et encore tangible aujourd’hui. La jeune Clermontoise est venue une heure avant le début de l’audience du tribunal correctionnel pour ne pas croiser ce père qui a abusé d’elle sexuellement quand elle était ado.
Les faits ont commencé alors qu’elle avait 12 ans. D’abord des attouchements sur sa poitrine et d’autres parties de son corps. Puis, vers 15 ans, des pénétrations digitales. Comme souvent dans ce type d’agression, la victime se trouve "pétrifiée".
Elle fuit son pèreDans l’impossibilité de réagir face cet homme réputé brutal, capable de menotter ses enfants à une table ou de les mettre à genoux sur une règle en guise de punition. Sa parade : l’évitement. L’adolescente fait en sorte de ne pas être seule avec son père à la maison, part tôt le matin, rentre tard le soir.
Mais le mal-être s’enkyste. Après une tentative de suicide, elle doit être hospitalisée plusieurs mois. Le spécialiste qui l’examine décrit une anxiété et un grave stress post-traumatique. En 2016, une autre secousse, dans la famille, lui donne la force de briser le silence. La petite amie de son frère accuse elle aussi son père de l’avoir agressée sexuellement.
Deux proies, un même bourreau. Et une même douleur que les jeunes femmes, soudées dans l’épreuve, viennent courageusement confier à la barre. Le prévenu, visage grimaçant, fixe le sol. Isabelle Ferret, la présidente, tente à plusieurs reprises de le faire réagir sur l’état des victimes. "Cela fait trois ans qu’on m’emmerde, cela ne m’émeut plus", élude-t-il. Depuis le début, le Clermontois nie les abus. "Il y a quand même pas mal de témoins, des déclarations concordantes et précises", souligne Me Julie Rigault, avocate de la petite amie.
Me Amélie Mouret, qui défend la fille, insiste sur la peur « glaçante » de sa cliente vis-à-vis de son père.
"Quand il parlait de ses seins, il disait “c’est à moi, cela m’appartient”".
Pour la procureure également, la culpabilité du sexagénaire ne fait pas de doute. Françoise Chadefaux-Gallay veut cinq ans dont deux avec sursis probatoire, avec mandat de dépôt différé. "Les deux psychologues différents qui ont examiné les victimes décrivent le même syndrome", précise-t-elle.
Cette détresse psychologique, Me Evelyne Ribes, en défense, ne la conteste pas. "Mais il n’y a pas d’élément pour dire qu’elle serait en lien avec des agressions sexuelles ", soutient-elle, pointant davantage "des dysfonctionnements familiaux", concernant la fille.
Mais la relaxe demandée n’est pas accordée. Le père est condamné à quatre ans de prison dont deux assortis d’un sursis probatoire. La partie ferme sera aménagée par le juge d’application des peines.
Olivier Choruszko