Au procès de viol et actes de torture à Riom, la vie brisée des accusés
Ce sont des personnalités fracassées qui n’ont connu que la galère, la misère affective autant que sociale. Cinq accusés sont jugés, cette semaine, à Riom, pour viol et actes de barbarie.
« On lui parle comme à un enfant », dit de lui la femme qui suit le contrôle judiciaire de Thierry Priva, 58 ans. « Viol, fellation, il a fallu que je lui explique. » Le quinquagénaire fait partie des cinq accusés jugés cette semaine devant la cour criminelle départementale, à Riom, dans une affaire de viol et actes de barbarie.
Grégoire (prénom d’emprunt), 38 ans, aurait subi de nombreux sévices et humiliations (brûlure, tatouage d’une croix gammée, absorption d’urine, privation de nourriture…) dans le huis clos de la petite maison de Thierry Léonard, à Riom, entre mars et mai 2020. Il aurait aussi été violé. Un viol dont Thierry Priva est le seul à répondre. C’est celui auquel la présidente reformule ses questions de la manière la plus simple possible. Les réponses ne dépassent guère « oui », « non », « voilà ».
"Il n’a pas d’atteinte psychique, mais une limitation intellectuelle. Il peut être manipulé."
Sous curatelle renforcée, il ne sait ni lire, ni écrire. « Il est très gentil » de l’avis de son frère et de sa curatrice. Il est aussi vulnérable de l’avis de tous. « Très influençable » a dit également son frère. « Il fait ce qu’on lui dit de faire, répond oui à tout. »
Alexandre Taulemesse, l’expert psychiatre, a posé son diagnostic : « Il n’a pas d’atteinte psychique mais une limitation intellectuelle. Il peut être manipulé ». Le quinquagénaire était-il sous la coupe de Roland Léonard, accusé de complicité de viol, lorsqu’il a introduit une sucette dans l’anus de Grégoire et qu’il lui a demandé (ou subi) une fellation ? C’est ce qu’il a indiqué, mardi, à la cour. Il n’aurait été que l’exécutant et Léonard le donneur d’ordres. « Il me faisait peur et me frappait. »
Une crainte évoquée également par les trois autres accusés, Audrey Servier et le couple Manceau qui, s’ils reconnaissent en partie les faits, principalement des coups sur Grégoire, les relativisent par l’attitude autoritaire de Léonard. Un homme qui, comme les autres accusés, a une vie chaotique, faite d’errance, d’une enfance violente, d’une scolarité limitée. Peu insérés, vivant de minima sociaux, ils ont aussi en commun de vivre dans la précarité et bénéficient, pour la plupart, d’une mesure de protection.
Souffre-douleurRoland Léonard a-t-il fait de Grégoire son sous-fifre et un souffre-douleur collectif ? Après trois jours d’audience, on peine encore à comprendre pourquoi. L’effet de groupe est-il une des explications ? « Ce sont des moments de vie qui se sont conglomérés. Qui se ressemble s’assemble », a analysé Alexandre Fernandez, expert psychologue. « Les choses se sont alimentées d’elles-mêmes, dans un contexte de confinement. Roland Léonard est au-dessus du lot. Il a joué le chef. »
Leïla Aberkane