Le travail en disgrâce
Il était une fois un Premier ministre qui cherchait des milliards mais qui, pour autant, ne voulait pas se mettre à dos les partenaires sociaux. Ni donner l’air de manger la laine sur le dos des demandeurs d’emploi. Cependant, la philosophie est là entre les lignes. Quand on est accusé d’avoir laissé filer le déficit, il faut bien donner des gages de « sérieux » et de reprise en main. Reste que tout se joue dans cet interstice entre incitation et sanction. Ce sera selon. Car la déclaration d’amour de Gabriel Attal à la valeur travail comme gage de liberté se heurte au malaise français. À la croisée de la psychologie collective et d’un choix individuel de vie, le rapport au travail, cet objet mouvant, subit un processus continu de désacralisation. Travailler mais pas à n’importe quel prix, et pas n’importe comment. Si l’incitation à la reprise d’emploi pousse vers des emplois précaires, alors la promesse de liberté sonnera comme un mensonge. Quand le travail est réduit à une simple contrainte vitale, il perd son sens et devient alors une souffrance, qui peut coûter cher à la société.
l’éditorial
Florence Chédotal