Originaire de Roumanie, Roxana Cioclu élève des chèvres angora en Creuse
Récemment installée sur la commune de Saint-Fiel, Roxana Cioclu élève des chèvres angora pour faire de la laine mohair. De la ville grise à la campagne dont elle s’est éprise, elle a fondé la ferme Le mohair, où la résilience et les bêtes sont dans le pré.
Des chèvres angora, une caravane, un kota finlandais en pleine campagne creusoise. Roxana Cioclu, agricultrice de 37 ans, élève des chèvres à mohair au Roudeau, sur la commune de Saint-Fiel, selon un modèle agricole bien particulier. La rusticité de ses installations et de sa vie fascine par la simplicité qui émane du lieu et par le sourire que Roxana arbore au milieu de ses champs trempés par la pluie. Ici, les bottes en caoutchouc sont indispensables.
Elle a quitté la Roumanie à 24 ansDes bancs de La Sorbonne aux champs où les insectes bourdonnent, Roxana Cioclu a radicalement changé de vie. Celle qui a quitté la Roumanie à l’âge de 24 ans pour Paris, devait initialement poursuivre ses études en littérature française. « Si je voulais bien faire, il fallait que j’aie une bourse en France. » Pendant ses études, Roxana explique : « Je travaillais pour arrondir mes fins de mois car les bourses ne suffisaient pas ». La jeune étudiante commence alors à travailler dans l’hôtellerie, et finalement elle continuera jusqu’à ses 33 ans.
Ayant eu marre des saisons, c’est en Limousin que Roxana trouve une maison abordable, à Chateauneuf-la-Forêt (Haute-Vienne). Région centrale qu’elle a aussi choisie parce qu’elle était « entre mer et montagne ». Ses rencontres ici lui ont permis de s’ouvrir au milieu de l’agriculture. « Pourquoi pas?? » se dit-elle. C’est donc en se formant au CFA de Saint-Yrieix-la-Perche que Roxana se lance dans l’élevage.
En 2022, à la recherche d’un lot de terres pas trop dispersées, elle est tombée sur Saint-Fiel. Puis, pour les bêtes : « J’étais tombée sur ces petites chèvres et je me suis dit qu’il fallait juste les tondre ». À l’époque « en tant que citadine, je me demandais “mais comment je peux envoyer mon mouton à l’abattoir??” ». L’éleveuse a donc choisi des chèvres angora, qu’elle a juste à tondre, finalement. L’hiver prochain, il lui faudra pourtant faire rentrer quelques moutons afin de faire vivre son exploitation. Son troupeau de chèvres arpente donc les terres fidéliennes.
L’avenir des prés est dans la résiliencePrairies que Roxana souhaite gérer d’une façon bien particulière. Respectueuse de l’environnement et prônant une agriculture raisonnée, loin du rendement industriel, Roxana compte préserver au maximum la faune et la flore de ses prairies. L’ancien propriétaire des terres n’avait plus de bêtes depuis longtemps, « ce sont des prairies d’herbe qui ont été utilisées pour la fauche et trop peu pour le pâturage ».
Dans ses prés, Roxana souhaite donc redonner la richesse floristique d’autrefois, en faisant changer toutes les trois semaines son troupeau de parcelle et en plantant des ligneux, enlevés pour la culture et les bovins. L’avenir du pré est donc dans la résilience et l’autonomie.Roxana à l’œuvre avec sa machine à tricoter @Julie Ho Hoa
Pour l’instant, elle vit dans une caravane. Rustique mais provisoire, la ferme lui donne assez d’occupations pour garder le sourire. La Rose, comme elle l’appelle, est sa chèvre la plus capricieuse, « elle bouffe tout ». Côté aléas, « j’espère que le bouc m’a pas fait un hors-série », rigole Roxana en observant ses chèvres au ventre rond foulant l’herbe verte. Roxana sait donc veiller au grain. Et puis « franchement je suis beaucoup plus tranquille même si le travail est beaucoup plus physique?! » s’exclame-t-elle.
Ses parents n’étaient pas paysansIndépendante et droite dans ses bottes, Roxana s’est lancée seule dans ce projet d’exploitation. « Mes parents n’étaient pas paysans, mes grands-parents l’étaient, mais dans l’agriculture vivrière. » Reconversion totale donc. Elle se lance seule dans ce projet agricole. Le courage et la force qui animent la jeune femme font transparaître un véritable respect pour ses bêtes et les valeurs qu’elle défend. Elle se décrit comme « vivant simplement et n’ayant que très peu de besoins ». Sa volonté est d’être indépendante le plus possible.
Au chaud dans son kota, petite cabane finlandaise, près du poêle alsacien qui habille chaleureusement la pièce, se trouve une charmante petite boutique. C’est ici que Roxana vend de la laine et des pièces faites en mohair. Elle a ouvert cet hiver.
L’éleveuse a même une chaîne YouTube « pour montrer mon parcours de l’exploitation qui a été créée de zéro » explique-t-elle. N’étant pas du milieu, elle documente sa vie à la ferme pour ses amis, ou les curieux, qui veulent suivre l’aventure, via les réseaux sociaux. Si elle est seule dans son projet de ferme, Roxana est entourée. Elle a rencontré son copain en Creuse, lui aussi agriculteur. Dans sa spartiate caravane, l’éleveuse prend les choses à la légère et ne se plaint pas de cette vie qu’elle a finalement choisie. Aujourd’hui « je suis contente, c’est pas facile mais il y a énormément de liberté quand même », se réjouit-elle.
Suivre l’aventure Adresse : 13, Le Roudeau, 23000 Saint-Fiel. Facebook : Mohair de Saint Fiel. YouTube : La ferme de Roxana. Site internet : mohairdesaintfiel.fr
Marie Le Maux