Magali Boulleau est « le côté opérationnel » de la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme
L’agriculture, Magali Boulleau l’a dans le sang depuis son enfance. Elle est la directrice de la chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme.
Après l’École d’ingénieur agronome à Paris, en 1983, cette zootechnicienne a commencé sa carrière comme conseillère au Cerfrance sur Thiers-Ambert et Issoire. Puis « j’ai été directrice du Cerfrance et après, je suis venue à la chambre ». Ici, elle assume le rôle clef de directrice aux côtés de David Chauve depuis son élection.
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Chargée de mettre en œuvre la politique définie par les élus, elle incarne « le côté opérationnel de la chambre ». Un rôle qu’elle avait déjà assumé dans le Puy-de-Dôme de 2004 à 2013, avant de partir diriger la chambre d’agriculture de Corrèze de 2013 à 2015, puis de prendre la tête du lycée agro-environnemental du Breuil-sur-Couze de 2016 à 2019. Avant de revenir en 2019 donc.
Le directeur traduit en actions les objectifs et l’organisation du personnel. Par exemple, cette mandature avait comme objectif de mettre la proximité avec les agriculteurs. On a redonné un rôle plus prépondérant aux animateurs, aux conseillers d’entreprise… qui ont un rôle de lien de terrain fort. Ils doivent être à l’écoute des agriculteurs, organiser la présence de la chambre sur les territoires. Les territoires décident où sont mises en place les actions et sur quoi elles sont basées…
Évolution des profilsEt l’agriculteur justement, son profil a-t-il évolué ? « Aujourd’hui, je pense que l’agriculteur vit dans la société et veut y être comme les autres. Jusqu’à présent, même les agriculteurs de la génération de David (Chauve, NDLR), acceptaient d’augmenter leur production, leur temps de travail pour garder un revenu correct. Là, le décalage n’est plus accepté. Nos agriculteurs veulent être reconnus et vivre comme les autres, avoir des revenus pour avoir du temps libre, profiter de leurs enfants… Et dans les profils d’installation aussi, je l’ai vu changer. » S’ajoute à cela un ras-le-bol des réglementations qui s’empilent « alors qu’elles sont incohérentes ».
Avoir pu travailler en Corrèze et au lycée agricole a d’ailleurs permis à Magali Boulleau de « mieux comprendre pourquoi les jeunes veulent s’installer. En Corrèze, j’ai vu des systèmes de production et des organisations vraiment différents ».
Et la directrice reste optimiste. Chaque année, 350 personnes passent au Point installation de la chambre. « Il y a encore du dynamisme pour ce métier », dans un département qui compte 7.400 chefs d’exploitation.
Quelques dates autour de la chambre d'agriculture
1924. Création des chambres d’agriculture pour donner aux agriculteurs le pouvoir de s’organiser.1929-1948. Ces années sont un peu « vides », en raison de la guerre et de la nécessité de produire.Les années 1960. Développement de la mécanisation et de la modernisation.1983. Michèle Chezalviel est la première femme à devenir président d’une chambre d’agriculture, en Corrèze.1984. Création des petites régions agricoles.1993. Début de la construction du barrage de la SEP, dans le Puy-de-Dôme.1994. Création de Bio 63.1999. Les missions d’installations et de transmissions sont confiées aux chambres d’agriculture.2004. La chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme quitte la place des Salins à Clermont pour intégrer son bâtiment actuel, allée Pierre-de-Fermat à Aubière, avec le regroupement des organisations agricoles.2021. Création de Terres d’emploi et de 63 Saveurs.2023. Mise en place d’une équipe dédiée sur les énergies renouvelables dans le Puy-de-Dôme.2024. La chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme porte deux grands projets : Prospect’Aura, qui consiste à imaginer des scénarios concernant l’avenir ;le plan Ambition élevage 63, qui a notamment la volonté de recréer du lien social pour que les agriculteurs aient leur place dans la société.
Gaëlle Chazal