Avec les policiers de la CRS 83, nouvelle arme contre le trafic de drogue et les violences urbaines, à Clermont-Ferrand

La CRS 83, nouvelle unité spécialisée dans les violences urbaines, basée dans le Rhône, intervient désormais régulièrement à Clermont-Ferrand. Nous l’avons suivie lors de "place nette XXL", dans le quartier Saint-Jacques.

Le "top départ" de l’intervention est donné. D’un bond, un petit groupe de policiers, issus de la toute nouvelle CRS 83, entame l’ascension d’un raidillon qui mène aux premières maisons du plateau Saint-Jacques. La pente est rude. Foulées amples et physiques affûtés, ces jeunes hommes, en tenue noire militarisée, la gravissent au pas de course, à peine essoufflés.L’objectif : serrer d’éventuels revendeurs de drogues mis en fuite par d’autres policiers, à une centaine de mètres de là, sur l’un des principaux point de deal de Clermont-Ferrand. Ce talus enherbé et bordé de tilleuls, aux allures de petit parc, leur sert généralement d’issue de secours.

Les policiers de la "83" lors d'une opération anti-stups, dans le quartier Saint-Jacques. Arrivés au sommet, tandis que les « Arah ! » - cri d’alerte des dealers - résonnent au loin, les membres du petit commando se dissimulent derrière des arbres. On scrute l’apparition d’un charbonneur ou autre guetteur aux abois. En vain. Il n’y aura pas d’interpellation.

Cette mission éclair, cependant, offre une belle illustration des spécificités de la "83" : agir vite, avec agilité, dans tout type de situation. Cette unité, basée à Chassieu (Rhône) est l’une des trois compagnies de CRS "nouvelle génération" dédiées à la lutte contre les violences urbaines et le trafic de stupéfiants.Opérationnelle depuis décembre dernier, elle a déjà été mobilisée à plusieurs reprises dans les quartiers clermontois, à la suite de troubles ponctuels, comme des coups de feu sur la voie publique, ou dans le cadre de missions de sécurisation.

A Saint-Jacques, la voilà donc de retour, en renfort des effectifs de commissariat de Clermont-Ferrand, à l’occasion de l’opération "place nette XXL", destinée à mettre un coup de pression sur les principaux points de deal de la ville.Au pied des immeubles de la rue Sévigné, là où généralement ont lieu les transactions de stupéfiants, revendeurs et consommateurs ont déguerpi à la vue des policiers. Plus d’"arah" retentissants mais des piaillements d’oiseaux, en ce début d’après-midi printanier, dans les allées quasi désertes du quartier.

La force de ces CRS "nouvelle génération", lors d'une opération de voie publique, tient aussi dans leur nombre.Tandis que certains CRS patrouillent sereinement, non loin de leurs fourgons flambant neufs, à l’affût du moindre mouvement suspect, d’autres aident leurs collègues clermontois à débusquer cannabis ou cocaïne, au pied d’une haie, dans un coffret électrique ou un local à poubelle."Le but est surtout d’occuper le terrain, en jouant sur la mobilité", confie le major Sébastien (prénom modifié), responsable de la trentaine d’hommes déployés ce jour-là. "Et si ça doit monter en puissance, on s'adapte, on a tout ce qu’il faut dans les véhicules, des grenades, des équipements de protection…"

Recherche de stupéfiants, en appui des effectifs du commissariat, sur un point de deal.Mais ces policiers de choc n’auront pas besoin de sortir casques et boucliers lors de cette intervention. Seulement une échelle afin d’inspecter les cheminées du centre culturel Georges-Brassens, autres caches prisées des trafiquants de drogue.En moins de temps qu’il le faut pour donner l’ordre, voilà ces sportifs accomplis, qui s’entraînent tous les jours quand ils ne sont pas en mission, perchés sur le toit plat du bâtiment. "Ce sont des équipes jeunes, très dynamiques, elles nous apportent un regard neuf", apprécie la commissaire Morgane Lecaille, à la tête du service de voie publique du commissariat central.

Des CRS aussi à l'aide des opérations de contrôles, de surveillance que dans la gestion de situation de crise de style émeutes.  

La force des CRS de Chassieu réside aussi dans leur nombre. Plusieurs dizaines d’hommes qui arrivent en même temps, sur un site, "cela offre un beau potentiel opérationnel", se réjouit encore la commissaire Lecaille. On devrait revoir encore souvent les fourgons de la "83" à Clermont-Ferrand.

Repères. Composée de 170 policiers, la CRS 83 est l’une des trois petites sœurs de la CRS 8, unité d’élite créée à Bièvres (Essonne) en juillet 2001. Toutes sont disponibles 24 h/24 et 7 jours sur 7 et déployables en temps réel sur une zone définie. Le gros des troupes est issu des compagnies traditionnelles. Ces CRS ont été recrutés après avoir passé des tests de sélection particulièrement exigeants et sont entraînés pour faire face aux situations les plus tendues.

Photos Franck Boileau

Texte Olivier Choruszko