Signification, couleurs, lien avec la généalogie... Cinq choses à savoir sur les blasons
À l’occasion de la sortie de son ouvrage sur les blasons des communes de Corrèze et du nord du Lot, Jacques Vigneron, passionné de héraldique, décrypte le jeu des armoiries.
"Vous, vous avez sûrement votre chat en fond d’écran, eh bien moi, j’ai la représentation de mon blason", explique fièrement Jacques Vigneron, en montrant l’écran de son téléphone.
En effet, derrière les applications, un bel écu coloré se dessine. Un alignement vertical de pommes et de grappes de raisins couleur or, sur un fond azur avec la forme d’un V. Non, ce ne sont pas d’anciennes armoiries familiales. Jacques Vigneron est le premier de sa lignée à avoir un blason. Blason, qu’il a lui-même créé.
C’est qu’à 77 ans, l’homme est un héraldiste passionné. En mars, ce retraité d’Allassac a même publié un ouvrage recensant les blasons des communes de la Corrèze et du nord du Lot. À cette occasion, il nous partage cinq anecdotes à leur sujet.
1. Le blason : c'est une phraseLa confusion est souvent de mise. Qu’est-ce donc exactement qu’un blason ? "Il s’agit de l’extension du nom que ce soit celui d’une personne, d’une institution", explique Jacques Vigneron, derrière ses lunettes rondes.
Cependant, attention, "le blason est une phrase. Le dessin sur l’écu en est seulement la représentation », précise le septuagénaire. Apparus au XIIe siècle, les blasons étaient à l’origine utilisés par les chevaliers pour se faire reconnaître lors des combats ; avant de se répandre progressivement au sein de la société civile. Bourgeois, abbaye, ville, bien plus rarement paysan… En détenaient ceux "qui avaient besoin de se faire remarquer."
Près de soixante ans après avoir découvert les blasons dans le dictionnaire de sa grand-mère, la passion de Jacques Vigneron est toujours aussi forte.
2. Chacun peut avoir un blasonEt oui, contrairement aux idées reçues, il ne faut pas être duc, conte ou en possession d’un quelconque titre de noblesse pour posséder un blason. Jacques Vigneron propose d’ailleurs bénévolement ses services pour en concevoir.
Une passion qu’il entretient depuis soixante ans. "J’aimais beaucoup dessiner enfant", se remémore notre homme. À l’époque, plutôt des animaux. Et puis, à 12 ans, cet ancien élu puydomois découvre des représentations de blasons, en feuilletant un vieux Larousse de sa grand-mère. C’est le coup de foudre.
Petite fille, femme, enfants, chez les Vigneron tout le monde a le sien. Faire son blason, c’est se demander "qu’est-ce que qui peut me représenter." Celui de Jacques, raconte ses origines.
Du côté paternel, la famille vient de l’Anjou, terre de vin, d’où les grappes de raisin. Côté maternel, on est corrézien, donc les pommes. "Mais ça peut représenter son métier, son parcours de vie, ses passions", liste l’héraldiste.
Arobase, stéthoscope, ballon de foot… Les blasons évoluent avec le temps et se dépoussièrent. Attention, il n’existe cependant aucun endroit où le déposer officiellement. Premier arrivé, premier servi.
À la découverte de la science des blasons
3. Sept couleurs principales en France.Si ces motifs, les meubles dans le jargon, ont évolué au fil des siècles, les coloris, eux, sont restés quasi similaires avec leurs significations.
On compte ainsi deux métaux (l’or et l’argent), cinq couleurs (bleu, rouge, vert, pourpre et noir) et deux fourrures (l’hermine et le vair). Oui, des fourrures. Ces dernières étaient utilisées à l’époque pour protéger les boucliers en bois.
4. Retrouver ses ancêtresOutre le fait d’avoir un emblème, l’héraldique permet aussi de remonter sa lignée. "Cette science est en effet associée à la généalogie. Il se peut que dans leurs recherches certaines personnes en aient besoin", acquiesce Jean-Louis Dentraygues, président de l’association Généalogie en Corrèze.
"L’étude des blasons aide en effet à reconstituer son arbre généalogique, à dater des événements", abonde Jacques Vigneron qui est le référent héraldique de l’association..
Des histoires de vie retricotées grâce à ces bénévoles de l'association Généalogie en Corrèze
5. Seulement 10 communes corréziennes n'en ont pasAprès un an de travail, notre héraldiste a publié, avec Généalogie en Corrèze, l’ouvrage Blasons des communes de la Corrèze et de la partie Lotoise de la Vicomté de Turenne. Une réédition en couleur, avec de nouveaux dessins du livre de Robert Merceron, daté de 1990. Conclusion, aujourd’hui dans le département, sur près de 280 communes, seule une dizaine n’a pas de blason.
"C’est un cas un peu exceptionnel si l’on compare aux départements voisins", se réjouit Jacques Vigneron. Explication : dans les années 1980, "Monsieur Merceron, a entrepris de dessiner un blason pour chaque commune corrézienne qui n’en avait pas. Il a presque réussi !"
Parmi les blasons recensés, celui de la commune d'Allassac où habite l'héraldiste. Mais d’autres lieux de vie avaient leurs blasons bien avant, c’est le cas de Brive. Son emblème : trois bouquets composés de trois gerbes de blé formant chacun une fleur de lys. Une représentation de sa richesse agricole et de sa fidélité au roi de France. Vous l’aurez compris, chaque blason, a sa propre histoire. L'évolution du blason de la ville de Brive. On remarque que les trois épis en fleurs de lys sont toujours présents.
Le livre de Jacques Vigneron "Blasons des Communes de la Corrèze et de la partie Lotoise de la Vicomté de Turenne" est consultable au siège de l'Association Généalogie en Corrèze, au 122 rue Pierre-Chaumeil à Brive.
Texte: Camille Gagne Chabrol
Photos : Stéphanie Para