Comment 2.600 jeunes Limousins se préparent pour un concert monumental avec un groupe de rock connu ?

C’est un espace où on vient habituellement pratiquer du sport ou soutenir les copains. Mais, ce mercredi, en fin de matinée, les gradins du grand gymnase du collège Rollinat, à Brive, sont remplis par plus de 800 jeunes chanteurs issus de onze collèges corréziens et du lycée d’Arsonval, à Brive.

Tous réunis pour une répétition commune, avec solistes, en vue de leur grand spectacle, La mécanique du chœur, qu’ils vont présenter aux côtés du groupe Dionysos, les 30 et 31 mai 2024, au Zénith de Limoges.

Des centaines de lucioles s'allumeront pendant le spectacle.

Sur le terrain, couvert d’un revêtement bleu ciel, tournée vers ce « public » chantant qui réagit aux moindres de ses gestes, c’est la cheffe de chœur et enseignante Marion Delcourt qui donne le ton. Ce jour-là, le leader du groupe Dionysos, Mathias Malzieu devait être présent. Mais, une fracture de jambe l’a obligé à annuler le déplacement.

Cette répétition était une étape cruciale dans un travail que les jeunes chanteurs ont engagé avec leurs professeurs dans leurs établissements respectifs depuis la rentrée scolaire 2023. Et leurs voix se font entendre de mieux en mieux.

Les bienfaits du chant choral, en général, et au collège, en particulier, ne sont plus à démontrer. Un jeune qui chante, parle aussi plus facilement, apprend à maîtriser son trac et ses émotions.

Le chant abolit les séparations entre les filles et les garçons, favorise la concentration, la mémorisation et l’estime de soi dans une période où on quitte l’enfance, sans pouvoir (ni vouloir) accéder au monde des adultes. Une telle pratique artistique est bonne aussi pour la cohésion du groupe (grâce au chant, on apprend à écouter les autres) et la réussite scolaire.

« Chanter un tel programme améliore la concentration et la mémoire, expliquent deux enseignants de musique, très impliqués dans le projet, Sandra Berthymeyrie, du collège Rollinat, et Jean-François Courtès, de celui d’Allassac. Nos élèves ne lisent pas la musique. Ils sont obligés d’apprendre les mélodies par cœur. Et en plus, on leur demande de chanter à 2 ou à 3 voix. »

Sandra Berthumeyrie, en répétition avec ses élèves au collège Rollinat. Photo : Stéphanie Para

La Mécanique du chœur porte aussi une dimension très fédératrice. Il n’y a pas de casting, tous ceux qui souhaitent chanter sont les bienvenus. La chorale rassemble aussi bien les enfants des classes ordinaires que ceux des classes ULIS, SEGPA, comme des élèves ayant des troubles dysfonctionnels.

« Dans cette société de plus en plus individualiste, où les mauvaises nouvelles sont légion, des projets comme celui-ci sont très précieux. On chante dans la bonne humeur, ça fait du bien, » résume Sandra Berthumeyrie.

La Mécanique du chœur s’inscrit dans la droite lignée de deux autres spectacles qui ont grandement contribué au développement du chant choral dans la région Limousin. En 2014, Mozart opéra rock avait déjà réuni sur une scène limougeaude 1.200 choristes. Quatre ans après, ils ont été 1.800, à chanter au Zénith, avec Cali.

« C’est Cali qui nous a dirigés vers Dionysos. L’univers musical très onirique et fantastique du groupe nous a plu, souligne Jean-François Courtès. La dynamique est là. Tous les collèges qui ont participé au concert de 2018, se sont réinscrits. Et d’autres se sont ajoutées. »

Cette année, le projet a pris encore plus d’ampleur. Les 30 et 31 mai, au Zénith, se produiront, par soir, 1.300 élèves issus de l’académie de Limoges, (2.600 jeunes au total), de la sixième à la terminale, venus d’une soixantaine d’établissements scolaires. Il faut savoir que, lors des deux dernières éditions, il y avait, en moyenne, 3,1 spectateurs par élève.

Ça fait deux ans et demi que les professeurs de musique de l’académie de Limoges travaillent sur les préparatifs de La mécanique du chœur. « Il fallait se mettre d’accord sur le projet à présenter à Mathias Malzieu et s’organiser, entre les contraintes du groupe Dionysos et nos contraintes à nous, » résume Jean-François Courtès.

La préparation de ce concert gigantesque est menée par une équipe de neuf enseignants d’éducation musicale et de chant choral de l’académie. Et l’organisation est, elle aussi, monumentale.

« Il faut placer les 1.300 élèves sur scène, ça ne s’improvise pas. Il faut aussi assurer les financements, s’occuper de la sécurité, fixer le tarif de la billetterie, trouver des sponsors, louer des chapiteaux qui seront installés derrière le Zénith… On gère un budget de 140.000 €, » détaillent Sandra Berthumeyrie et Jean-François Courtès.

Les jeunes choristes seront accompagnés sur scène par un orchestre composé de musiciens professionnels du groupe Dyonisos. Photo : Stéphanie Para

Financement participatif. Justement, pour pouvoir boucler ce budget important, une campagne de financement participatif a été lancée sur la plateforme helloasso.com . L’objectif : récupérer 20.600 €, ou l’équivalent de 250 élèves qui pourront ainsi bénéficier d’une organisation et d’un environnement de haute qualité. Chaque donateur bénéficiera d’un abattement fiscal de 66 %, dans la limite de 20 % de son revenu imposable.

Le cycle de répétitions hebdomadaires dans les collèges a repris. La prochaine répétition collective aura lieu l’après-midi du filage du concert le 30 mai au Zénith. Qu’est-ce qui motive les enseignants qui pilotent cette aventure ? « On ne le fait pas pour la reconnaissance, pas pour nous, mais, pour nos élèves », résument tout simplement Sandra Berthumeyrie et Jean-François Courtès.

Et ça marche… Les deux concerts précédents ont déjà fait naître plusieurs vocations parmi les jeunes participants, qui se sont orientés vers les études musicales ou de musicologie. 

La billetterie est ouverte : Depuis le 6 avril, on peut déjà acheter des billets en ligne. Dans la salle, il y aura une fosse avec les places debout, et des places assises numérotées. Tarifs : à partir de 10 €, pour les places dans les gradins et 15 € pour celles dans la fosse.