L'année 2024 devrait être plus sereine dans les Ehpad de Menat et de Saint-Gervais-d'Auvergne
Après une année 2023 très compliquée dans les Ehpad de Menat et Saint-Gervais, gérés par le Pays de Saint-Eloy, des améliorations se mettent en place. Une nouvelle directrice, Laure Perrot, s'est installée à la tête de ces établissements après une vacance d'un an.
Explosion des coûts, absentéisme, recours trop importants à l’intérim, postes non pourvus… L’année 2023 a été particulièrement compliquée dans les Ehpad de Menat et de Saint-Gervais d’Auvergne, deux établissements gérés par le Pays de Saint-Eloy. Mais à la mi-décembre, une directrice a été recrutée. Il s’agit de Laure Perrot, âgée de 30 ans. Interview croisée avec Laurent Dumas, président de la communauté de communes.
L’année 2024 sera-t-elle dans la lignée de 2023 dans les Ehpad du Pays de Saint-Eloy ?
Laurent Dumas. On a commencé 2024 avec de meilleures perspectives. Fin 2023, le poste de direction a été pourvu. Début janvier, les deux postes d’infirmier ont été pourvus. Et là, on vient de finaliser le recrutement du poste de cadre de santé. C’est-à-dire qu’en l’espace de trois mois, on vient de reconstituer l’équipe qui manquait à la tête des Ehpad. On essaye de limiter au maximum la partie intérim, pour qu’on ne se retrouve pas dans des difficultés financières qu’on a connues l’an dernier. Alors, ça ne veut pas dire que tout est effacé. On a encore des factures à honorer. Mais bon ! On a une meilleure perspective.
Les Ehpad ont fait l’objet d’un signalement à l’ARS. Quelles sont les suites ?
Laure Perrot. L’ARS nous a remonté un certain nombre de dysfonctionnements. On a eu un rendez-vous avec eux en janvier. J’ai fait un plan d’actions mensuelles, avec des points d’amélioration. Et chaque mois, je leur rends compte. Les problématiques étaient autour du circuit du médicament. En fait, on manque beaucoup de procédures écrites. Même si, dans la réalité, les soins sont faits correctement, tout n’est pas écrit. On a donc fait un gros travail d’élaboration de procédures. Par exemple, on n’avait pas de convention avec la pharmacie avec laquelle on travaillait. Ça ne nous empêchait pas de travailler avec eux d’une manière efficace. Mais l’ARS voulait qu’on ait une convention. Donc…
Quand vous êtes arrivée, Laure Perrot, le personnel des Ehpad était épuisé, les résidents fatigués. Vous étiez motivée quand même ?
Laure Perrot. J’ai eu de la chance de travailler auparavant dans différentes structures qui étaient plus avancées en termes de procédures et d’organisation interne. J’avais déjà une image de ce vers quoi il faut tendre. Et puis, au niveau des structures, les ressentis ne sont pas exactement les mêmes. Sur l’Ehpad de Menat, qui est un peu plus petit, il y a eu beaucoup d’absentéisme. C’est assez bien résolu sur cette année 2024. Là, on a vraiment une équipe qui s’est bien apaisée. Sur Saint-Gervais c’est une autre problématique. Je pense que c’est un établissement qui a eu plus de difficultés. Mais je pense que ça va tendre aussi vers l’amélioration.
LEhpad Maurice-Savy, à Saint-Gervais-d'Auvergne, accueille une quarantaine de résidents.
Y a-t-il encore des vacances de postes ?
Laure Perrot. Tous les postes sont pourvus. Ce qu’on aimerait, c’est avoir plus de personnels qualifiés. On a beaucoup de « faisant fonction ». Et on aimerait avoir plus de d’aides-soignants diplômés pour améliorer les pratiques. C’est un objectif qu’on va atteindre par le biais de la formation. On va faire un plan de formation pour que même les personnes qui ne sont pas diplômées aide-soignante puissent suivre des formations qualifiantes.
Sur quelles autres pistes travaillez-vous ?
Laure Perrot. Au niveau financier, j’ai pu analyser certains groupes de dépenses et renégocier les contrats ou les mettre en concurrence. Par exemple, sur l’achat de matériel médicalisé. On ne travaillait pas vraiment avec un prestataire particulier. Au dernier conseil d’administration, on a adhéré à une centrale d’achat, ce qui va nous permettre d’avoir des prix préférentiels avec un prestataire.
La pénurie de médecins dans le nord des Combrailles joue-t-elle sur le fonctionnement des établissements ?
Laure Perrot. Oui. Tous les résidents ont le choix, normalement, d’un médecin traitant. Dans les faits, c’est plus compliqué : on a peu de médecins qui interviennent sur les structures et qui ont la place pour de nouveaux patients. Ce qui est compliqué à Saint-Gervais et à Menat, c’est que les médecins traitants sont débordés. Ils ne peuvent pas passer autant qu’on en aurait besoin. Ça peut laisser les équipements en difficulté. Mais par exemple, à Menat, on a réussi à faire venir un kiné d’Ebreuil. Il se déplace pour prendre en charge nos résidents. On est en train de voir pour travailler avec l’orthophoniste de Saint-Gervais. On va essayer de développer le plus de liens possibles avec les professionnels du secteur. Mais c’est vrai qu’il n’y en a pas forcément beaucoup.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Ledys