Les européennes, un « référendum contre le plan d’austérité », selon Manon Aubry (LFI)
L’émission « Extralocal » recevait ce vendredi la tête de liste des Insoumis Manon Aubry et le député MoDem Richard Ramos, interrogés par les journalistes de La Nouvelle République, de la Voix du Nord et de La Montagne.
Première invitée de l’émission « Extralocal », Manon Aubry, tête de liste aux européennes pour LFI, s’est défendue d’avoir placé au centre de la campagne le conflit israélo-palestinien, évoquant son programme, déjà en ligne, où l’on parle partage des richesses, cure d’austérité et écarts de salaire.
Mais, assume l’eurodéputée sortante, elle n’a aucune « pudeur de gazelle » à caractériser ce qui se passe à Gaza : un « carnage humanitaire », selon elle, qui exige de Bruxelles la suspension de tout accord d’association avec l’État d’Israël.
Manon Aubry s’est défendue de toute ambiguïté à l’égard du Hamas, qualifiant les actes du 7 octobre comme « évidemment terroristes ». « J’en ai marre qu’on agite ce drapeau », s’est-elle agacée, alors qu’elle était interpellée sur les liens de LFI avec le collectif Urgence Palestine, accusé, y compris par une partie des militants propalestiniens, de propos antisémites.
L’ancienne de Science Po a apporté un soutien total aux étudiants qui occupent l’établissement parisien, y voyant « l’honneur de notre humanité » et non une « dérive », comme l’a qualifié la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau.
En plein vote sur la Politique agricole commune cette semaine au Parlement européen, l’élue Insoumise a dénoncé le « détricotage environnemental » à l’œuvre. « Les agriculteurs demandent à pouvoir vivre de leur travail », juge celle dont le mouvement défend les prix planchers et l’interdiction des traités de libre-échange.
A ce titre, et à l’opposé d’un Emmanuel Macron comparé à un « arnaqueur sur Tinder », Manon Aubry estime que l’accord avec le Canada, le CETA, n’a apporté aucun bénéfice à la France. Son opposition aux traités ne signifie pas « la fin des échanges, mais du libre-échange », précise-t-elle.
« Il faut privilégier la production locale à celle qui vient du bout du monde »,
Appelée à réagir sur le sujet des déserts médicaux, celle qui se donne comme figure tutélaire européenne Rosa Luxembourg prône l’interventionnisme de l’État pour soutenir la médecine publique. Pour inciter les médecins à s’installer dans les territoires délaissés, Manon Aubry milite pour la création d’un « corps de fonctionnaires ».
Donnés à 7,5 % dans les sondages, les Insoumis veulent faire du scrutin européen un « référendum contre le plan d’austérité » inscrit en creux dans la réforme des règles budgétaires de l’Union. La bataille sera rude, admet Manon Aubry. « L’enjeu, c’est la mobilisation. Une élection sans le peuple nous est défavorable. »
Changement de ton avec le second invité, Richard Ramos. Le député MoDem du Loiret est venu défendre ses propositions et son parti, trop peu considéré selon lui par Renaissance et Emmanuel Macron.
« Pour une sécurité sociale alimentaire »Richard Ramos, qui confie son affection pour la chorba, ce plat méditerranéen lié à ses origines pied-noir, milite « pour une sécurité sociale alimentaire ».
Derrière cette expression, il y a l’idée d’une carte de crédit permettant de faire ses courses pour des produits français. Dans son esprit, elle pourrait être abondée, au-delà d’un fonds de roulement, par ce que gagnerait un étudiant avec un petit boulot, du type aide aux devoirs.
Autre initiative parlementaire, le « fait maison ». Le député avait plaidé pour le mettre en valeur dans les restaurants, mais le projet a été finalement abandonné à l’Assemblée. Ce n’est que partie remise, assure Richard Ramos, qui veut repasser sa proposition de loi à l’automne.
Quand je paie le moelleux 7 balles et qu’il a été acheté industriellement à 60 centimes, j’ai le droit de le savoir
Interrogé sur son autre cheval de bataille, le « désengrillagement » de la Sologne, Richard Ramos a bon espoir que les décrets d’application permettent enfin de lutter contre le phénomène. Il sera avec le ministre de la transition écologique Christophe Béchu vendredi prochain pour médiatiser la mise en application des nouvelles règles.
Richard Ramos, qui a critiqué en début d’année la composition du nouveau gouvernement, s’inquiète toujours du sort réservé aux alliés de Renaissance. « Aujourd’hui, ils cherchent à séduire LR avant leurs partenaires », regrette celui qui voit le MoDem comme un « flotteur de stabilité » au sein de la majorité présidentielle.
Le député originaire de Blois voit d’un œil sombre l’avenir, jugeant que le camp macroniste a perdu sa capacité à « parler normalement » aux Français, et particulièrement aux classes moyennes. « Si on n’y arrive pas, Marine Le Pen passera en 2027 », pronostique-t-il.
Julien Lecuyer , La Voix du Nord