Cinq plaintes pour viols et agressions sexuelles, placé garde à vue ce lundi... On vous récapitule l'affaire Depardieu

Visé par cinq plaintes pour viols et agressions sexuelles, mis en examen en 2020, accusé de violences sexistes et sexuelles par une quinzaine de femmes, ses propos dans Complément d'enquête... On fait le point sur ce que l'on appelle désormais "l'affaire Gérard Depardieu".

Le "dernier monstre sacré du cinéma français" n'a pas eu d'autre choix que de mettre sa carrière en pause, fin 2023, après la multiplication des accusations et des dépôts de plainte contre lui. Alors que Gérard Depardieu a été placé en garde à vue, tôt ce lundi 29 avril, voici tout ce que l'on sait sur l'affaire.

Tout commence en août 2018 lorsque la comédienne Charlotte Arnould déclare aux gendarmes avoir été violée à deux reprises par Gérard Depardieu. Les faits auraient eu lieu dans l'appartement parisien de la star alors qu'elle était âgée de 22 ans. Elle reste d'abord anonyme. En juin 2019, la jeune femme se porte partie civile alors que sa plainte est classée sans suite. 

Gérard Depardieu est finalement mis en examen pour "viols" et "agressions sexuelles" en décembre 2020. À ce moment-là, le public ne sait pas encore que Charlotte Arnould est la victime en question. C'est elle qui va l'annoncer sur son compte X (ex-Twitter), un an plus tard, alors que "rien ne se passe" et que l'acteur continue de tourner des films. 

"J'aurais peut-être dû attendre, passer par un média, faire ça "dans l'ordre", faire ça "bien", mais continuer à me taire, c'est m'enterrer vivante...", écrit-elle. L'enquête est toujours en cours.

En avril 2023, Mediapart met en ligne le témoignage de 13 femmes qui assurent "avoir subi des gestes ou propos sexuels inappropriés du célèbre acteur, de gravité différente, sur le tournage de onze films ou séries sortis entre 2004 et 2022 ou dans des lieux extérieurs". 

Gérard Depardieu nie en bloc. L'acteur "dément formellement l'ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale", confie à Mediapart le cabinet d'avocats Temime, en charge de sa défense.

Aucune plainte n'est déposée. Pourtant, "parmi celles qui ont parlé, il y en a pour qui les faits ne sont pas prescrits. J'espère que certaines seront prêtes à porter plainte", déclare Charlotte Arnould au magazine Elle quelques jours plus tard.

Trois mois après, deux autres femmes témoignent, de façon anonyme, contre Gérard Depardieu au micro de France Inter. "Il a baissé son pantalon et m'a montré son sexe", confie l'une d'elles.

En septembre 2023, c'est la comédienne Hélène Darras qui dépose la deuxième plainte contre Gérard Depardieu, pour "agression sexuelle". Elle accuse la star de l'avoir "pelotée" lorsqu'elle avait 26 ans et qu'elle jouait en tant que figurante dans le film Disco de Fabien Onteniente, sorti en 2008. 

Sa plainte est classée sans suite le 29 décembre à cause de la prescription des faits dénoncés. "Après avoir été entendue comme témoin dans le cadre de la procédure d'instruction toujours en cours, initiée par la plainte de Charlotte Arnould, Hélène Darras avait souhaité déposer plainte dans le cadre d'une procédure distincte", explique le parquet de Paris. 

Vient alors la diffusion de l'émission "Complément d'enquête", le 7 décembre 2023, sur France 2. On y découvre Gérard Depardieu tenant de nombreux propos déplacés et obscènes à l'encontre des femmes. C'est plus particulièrement une séquence dans un haras en Corée du Nord qui va choquer l'opinion publique. Alors qu'une fillette fait du cheval, l'acteur déclare : "Les femmes adorent faire du cheval, elles ont le clito qui frotte sur le pommeau de la selle [...] C'est des grosses salopes." "S'il galope, elle jouit", conclut l'acteur en 

Pendant la polémique, l'extrait a même été authentifié par un huissier.

À son tour, Ruth Baza, journaliste et écrivaine espagnole de 51 ans, dénonce le 19 décembre 2023, un viol commis par Gérard Depardieu sur sa personne. Elle explique que les faits auraient eu lieu à Paris lorsqu'elle avait 23 ans.

Si la probabilité que cette plainte aboutisse - étant donné que les faits sont aujourd'hui prescrits, l'Espagnole a confié s'être tournée vers la justice pour "aider d'autres personnes" à faire de même. 

Dans une tribune publiée le jour de Noël sur le site du Figaro, une soixantaine d'artistes prennent la défense de Gérard Depardieu en pleine tempête politico-médiatique et dénonce le "lynchage" dont il est l'objet.

Parmi eux figurent le réalisateur Bertrand Blier, les actrices Nathalie Baye, Carole Bouquet ou Charlotte Rampling, les acteurs Jacques Weber, Pierre Richard ou Gérard Darmon, mais aussi les chanteurs Roberto Alagna, Carla Bruni, Arielle Dombasle ou Jacques Dutronc.

Gérard Depardieu est probablement le plus grand des acteurs. Le dernier monstre sacré du cinéma. Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s'abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l'amalgame le plus complet et au mépris d'une présomption d'innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s'il n'était pas le géant du cinéma qu'il est.

LA TRIBUNE

En février 2024, une quatrième femme dépose plainte contre l'acteur pour une agression sexuelle en mars 2014 à l'occasion du tournage du film Le Magicien et les Siamois, réalisé par Jean-Pierre Mocky en Maine-et-Loire. L'assistance de tournage a évoqué auprès du Courrier de l'Ouest "ses paluches partout [s]on corps" et les "mots indécents" de l'acteur sur le plateau. 

Le même mois, une autre femme a déposé plainte une cinquième contre Gérard Depardieu pour agression sexuelle lors du tournage du film Les Volets verts, réalisé par Jean Bekcker en 2021. La décoratrice de 53 ans a témoigné auprès de Médiapart. Selon elle, la star aurait tenu des propos graveleux à plusieurs reprises. L'acteur l'aurait "attrapée avec brutalité", lui aurait "pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à ses seins".  Il aurait finalement été interrompu par son service de sécurité. 

C'est pour ces deux accusations que Gérard Depardieu a été placé en garde à vue ce lundi.

T.D.